#2577

Non seulement je ne dors pas bien, par ces nuits un peu lourdes et moites, mais ça réveille mon foutu juke-box, ces morceaux qui vous tournent en boucle dans la tête… L’autre nuit c’était, horreur, une imbécilité de U2. Cette nuit, c’était bien mieux, à savoir le « Fourth of July » de Joni Mitchell. Il faut dire que, si je méprise vivement les bramantes non composées de U2, en revanche j’écoute et idolâtre Joni depuis une trentaine d’années — depuis que mon excellent camarade Bruno m’en a fait découvrir les charmes musicaux lors de nos années estudiantines et bordelaises. Et en ce moment, je suis de nouveau retombé grave dans des écoutes de Joni. Bon, j’ai fait l’erreur de remettre les oreilles sur l’atroce Wild Things Run Fast, bête et vulgaire à pleurer (j’ai une théorie comme quoi au début des années 1980 notre planète est passé dans une singularité qui en a arraché tout goût et bon sens créatif), mais sinon je me délecte comme toujours — au moment d’écrire ces lignes tourne le live Miles of Aisles sur la platine.

#2576

Allez, je crois qu’il s’agit d’un record personnel : le livre que je lis depuis hier soir est paru en 1987… et je l’ai acheté cette année là… Ce livre restait donc sur mes étagères depuis 30 ans, pile, non lu. Ouch. C’est curieux, je ne sais pas pourquoi mais tout en ayant régulièrement envie de le lire — ce n’est pas un livre juste oublié dans un coin —, je n’y suis jamais venu jusqu’à présent… Pas un roman : un essai, que mon excellent camarade Patrick m’avait conseillé à l’époque : Of Mice and Magic de Leonard Maltin, sur l’histoire du dessin animé étasunien. Passionnant en effet, le sujet m’enchante.

#2575

Pendant quelques mois, j’ai sué sur trois biographies d’artistes. Ce fut sans doute l’un de mes travaux d’écriture les plus difficiles à mener à bien. Ce mois-ci et le mois prochain, ces trois « artbooks féeriques » sortent en librairie, avec un quatrième, non moins beau, dirigé par mon excellente camarade Christine. Le tout grâce à et sous le regard acéré de mon excellent camarade Poa. Ce fut une sacrée aventure, pas facile du tout, et j’ai fait un petit papier pour l’évoquer

#2574

(Notes) Sur le boulevard, les arbres gesticulent, piaillent, trillent et s’agitent des petites flèches noires qui, en retard, les rejoignent vivement.

Dans le ciel, les stratocumulus dessinent une nappe moutonneuse en ligne de fuite. Une lune supplémentaire, accrochée sous le cul d’une grue de chantier, s’épanouie auprès du bloc de béton.

Les vélos filent en rangs rapprochés : grincements circulaires et de guingois.

Au rose crépusculaire succède subreptice l’orangé de la vapeur de sodium, qui poudroie là-bas et grime les façades sous l’ombre tombée.

#2573

Les jours se suivant sans se ressembler, hier s’avéra assez atroce, aujourd’hui semble plaisant. De bonne humeur, j’ai donc été faire un brin de jardinage. C’est fou : j’ai semé de l’huître botanique et du jambon du jardinier. Et vu avec délice que les deux sauges dont mon excellent camarade Julien m’avait donné des boutures cet été sont déjà en fleur, petites pointes rouges. Une surprise, tout à l’heure : passant à la cuisine, je discerne une chose noire et minuscule filer par la porte du côté, faire un saut sur les dalles du dehors puis bondir dans l’arbuste au-dessus de la palissade : un merle, sans doute ? Sur la rétine je n’ai eu qu’une impression fugitive, genre les noiraudes chez Miyazaki. Quel culot d’ainsi s’introduire dans une maison où logent trois chattes.