#3007

Un peu surpris d’être si fourbu le soir, ces temps-ci, ce début de printemps me trouve un peu mollasson, souvent harassé. Tranquille pourtant, serein et lisant plein de bonnes choses, comme une douce et intrigante fiction steampunk de Natasha Pulley, autrice best-seller anglaise pas traduite ici (trop steam, trop gay ?) ; la dernière novella en date de Ben Aaronovitch, toujours aussi magique, vraiment un de mes auteurs favoris ; les surprenants et réjouissants Panthéra de mon vieux frère Michel Pagel ; ou bien encore un curieux Maigret que j’avais complètement oublié, Le Fou de Bergerac

#3006

Je poursuis une cure de vieux polars francophones, d’après guerre : Louis C. Thomas, André Picot, Louis Rognoni, Jacques Decrest, Mario Ropp, et toujours Simenon, romans durs ou romans gris. Vintage. Genre, avec le générique des Cinq dernières minutes en tête. Pour changer un peu, tout de même, j’ai entamé hier au soir la relecture du Correspondant local de mon gentil camarade Queyssi, maintenant qu’il est paru et c’est, comment dire ? Remarquablement fluide, fort gouleyant, d’une chouette petite musique.

#3005

Nous avons l’habitude de ne pas les voir, notre vision ordinaire occultant ces éléments inesthétiques mais relativement fins… Mais dès lors que le jeu des nuages ou un hasard d’observation remet en avant les fils du téléphone, ceux des câbles et autres fatras électriques, sans compter les antennes de la télévision hertzienne… bon sang que tout cela est vilain, minable et mal fichu ! Le maire Juppé avait obtenu le développement de tramways sans caténaires mais jamais personne n’a régulé le désordre de tous ces fils qui tissent un réseau désordonné et brouillon au-dessus des rues, sur les façades et au bord des toitures.

#3004

« Brillant comme un sou neuf », est-ce que cela se dit encore? C’est l’expression à laquelle j’ai songé en sortant ce matin, dans une ville ripolinée de pluie sous un soleil éblouissant malgré la montagne de nuages. « Rutilante » ne doit pas s’utiliser mal t’a propos comme c’est devenu courant, les rues n’affichant rien de rouge mais plutôt le vert des voies du tram, le bleu du ciel reflété dans l’éclat des flaques et le blond des façades rénovées. Je m’en réjouis chaque fois, jamais tout à fait habitué à ces pierres si propres, moi l’enfant du Bordeaux noir des années 1980, quand la ville se maquillait de suie comme les garçons d’alors mettaient du khôl à leurs yeux. Entre deux averses, la ville est neuve.

#3003

Reminiscence drive. Une remarque primesautière hier soir de mon camarade graphiste m’a fait songer à un ami disparu. Avouerai-je que j’ai oublié son nom ? Thierry. Son prénom était Thierry. Il s’est suicidé, après son divorce. Un beau jeune homme rouquin, qui était amateur de danse contemporaine et qui, avec un autre copain de cette époque lointaine, m’initia un tout petit peu à ce domaine artistique que je ne soupçonnais pas pouvoir aimer — mais si, bien entendu, j’ai adoré les quelques spectacles que nous vîmes alors, maison de la danse, ballets, compagnie Philippe Gentil, butō… Plus tard, lors d’un voyage à Amsterdam, je vis encore une chorégraphie, à la fois drôle et narrative, tellement esthétique — et je crains bien n’avoir plus jamais revu de danse contemporaine depuis, tant il est vrai que « on ne peut pas tout faire », et qu’en culture, beaucoup repose sur des découvertes avec des compagnons. Cela m’a fait resonger aussi à ce phénomène lyonnais d’une ville de passage, où sans cesse je devais reconstruire des cercles amicaux car chacun partait, au bout d’un moment, peu restaient à Lyon. Alors, des cercles successifs, comme des ronds dans l’eau de ma vie, le roux Thierry donc, Lionel, Jérôme, Charlotte, les pow-wows, Béatrice, David, Régis, Werner, la Gang, Olivier, Axel… et puis marre, je suis parti à mon tour.