#4034

« Tu n’arrives pas plus tôt dans un pays que les indices se répandent, que les faits se déclenchent, que les choses cachées se révèlent. » (Jacques Ouvard)

C’est la malédiction délicieuse du détective : sitôt arrivé quelque part qu’un crime se commet, qu’un mystère exige résolution. Je m’en amuse bien entendu dans mes Bodichiev (les polars uchroniques que je signe du pseudo d’Olav Koulikov, explique-t-il pour les plus distraits). Dans le recueil en cours de bouclage, les Archives d’un détective à vapeur, grippé et déprimé en vacances sur l’île des Dix petits nègres, Bodichiev par exemple doit enquêter sur le meurtre d’une jeune fille, ou bien en conférence à Oxford il découvre un suicide suspect. Et dans le plus récent recueil, les Confidences d’un détective à vapeur, en villégiature avec le jeune Viat sur la côte dalmate, les voici encore confrontés à la mort. Jamais tranquilles, quoi.

#4033

Peinte de suie, la ville de Bordeaux que je connus étudiant se vêtait de noir. La voir aujourd’hui toute blonde me surprend souvent, comme deux réalités qui se superposent. Et se rencontrent aussi été et automne maintenant, avec des courges sur les étals, de grandes constructions nuageuses et toutes ces bogues de marron jonchant le sol.

#4032

Promenade dans les prés où la rosée étincelle encore, un coq chante au loin, la départementale ronfle déjà, sur une allée de gravier blanc deux escargots s’enlacent. Le soleil matinal heurte mes yeux. Passant auprès de l’ancien poulailler, sous un cerisier tordu, je dérange un couple de chevreuils qui s’esquive en soulevant une senteur de menthe.

#4031

Matin lent à Champignac, seuls pressés étaient les deux chevreuils que j’ai vu galoper devant la maison en ouvrant mes volets. Des libellules tournent dans l’ombre fraîche du mirabellier. Tout me fatigue, yeux qui piquent et tête au ralenti ; la semaine qui vient sera très utile et infiniment agréable — séminaire de travail des Moutons électriques — mais certainement un peu épuisante.