#4042

Ces derniers temps je me rends fréquemment en centre-ville le matin, et j’ouvre grands les yeux en me promenant un peu, ne voulant pas prendre Bordeaux pour argent comptant, pour quotidieneté invisible. Fragments de mon passé (le milieu des années 80), nouveaux ajouts, rénovations, placettes, perspectives, trottoirs, pavés, portes, moulures… le moindre détail recèle des surprises, des curiosités. Surgissements urbains toujours frais, piéton toujours attentif. Huit ans après mon retour d’exil, Bordeaux n’est jamais pour moi de l’inné mais de l’acquis, aux aguets.

#4041

Hier soir. Profiter d’un lot de courrier à poster pour secouer un moment la torpeur d’une journée de toux, de vertiges et de fatigue post salon. Au coin d’une rue manquer de percuter un garçon à la brune beauté juvénile, surgissement de fraîcheur après ce brouillard dolent. Ma canne à la main, qui ne sert pas qu’à servir l’image un peu ridicule d’un vieux dandy mais réellement à rassurer ma démarche tanguée. Au ras du trottoir l’azur d’un plumbago volète comme autant de papillons, suivi des cornets d’une rose trémière brillant dans le soleil fléchissant. Sur un jardin proche se balancent les rouges lampions des fruits d’un grenadier, étrangement exotiques. Rentrer pour poursuivre la lecture des plus de cent pages de la préface de Serge Lehman à sa nouvelle anthologie, qu’en dépit de ma difficulté à lire sur papier j’ai dévoré tout ce jour en une suite de longues gorgées.

#4040

La moutonmobile s’éloigne dans le jour limpide et la fatigue se pose sur mes épaules. Message pour mon moi d’il y a quelques jours : les Hypermondes ont eu lieu, ce sont excellemment déroulés, tout va bien, auteurs et éditeurs contents, pari tenu — on l’a fait ! Avec une pensée reconnaissante et plus particulière pour Natacha-la-guerrière, pour les copains du comité d’orga, et pour mon équipe qui a assuré grave.