#4086

Sous les veines blanchâtres d’un ciel bleu pâle, les grues, hangars et équipements du port se dorent au soleil hivernal comme des os. Les mares turquoises se succèdent après des bois de brindilles brunes, puis passe la Dordogne plate et grise. Des camions multicolores filent sur la route, les voitures sont des hannetons. Dans le couloir du train, un voyageur tintant et harnaché comme un scaphandrier passe en ahanant, il tire au bout d’une laisse une grande valise rose. Un chat pleure. Les grumeaux secs d’une lande, les troncs blancs de bouleaux dénudés, les rangs de sapins ébouriffés, des sentiers blonds dans le sable… Les rails filent et le voyageur perd son attention.

#4085

Je me souviens que, lorsque je vivais à Lyon, ville où je me sentais un peu étranger et pour laquelle je n’avais jamais développé d’attachement, je ressentais un certain plaisir chaque fois que je devais en partir. Un petit frisson d’évasion. De Bordeaux en revanche, ma ville d’élection, je n’éprouve au départ jamais qu’une sorte de réticence, un regret de m’éloigner même pour peu de jours, même pour des vacances.