Archives de l’auteur : A.-F. Ruaud
#2840
Chaque voyage constitue une sorte de réserve d’images mentales et ce dernier séjour à Londres ne dérogea pas à la règle, avec notamment cette vision de la BT Tower depuis un square de Finsbury Hill — de l’intérêt de se perdre légèrement : je n’avais jamais observé cela et me tromper d’une rue m’offrit ce nouveau point de vue, la tour émergeant du feu du couchant au-dessus d’un semblant de forêt. Ayant essayé de me perdre délibérément un matin, du côté de Fitzrovia et dans Marylebone, j’y échouais malheureusement, avec le constat que je connais sans doute un peu trop bien cette ville désormais, mais cela me fit passer par un petit jardin, Paddington Street Garden, et réveilla le souvenir d’une idée de nouvelle que j’avais eu il y a longtemps — il faudra que je fouille dans mon blog et mes carnets. À raison d’entre 15 et 20 kilomètres de marche par jour, dans la lumière de l’automne ou dans les soirs fauves et bleus, avec la pluie seulement à une occasion, une fois encore ai-je engrangées images, atmosphères, bribes urbaines et fragments de décors — à distiller durant quelques années, peut-être, dans ces fictions que j’ai recommencé à écrire et qui tremblent en moi comme des poussées de souvenirs.
#2839
#2838
Je n’entends jamais la fin du service ni le début de celui-ci. Situé à un jet de pierre des quais du métro, l’appartement domine la station d’East Finchley et, dans les fenêtres du salon. défilent le soir les convois rouge, bleu et blanc, en longues flèches lumineuses qui passent grondantes. L’éclat électrique des vitres défile avec une persistance rétinienne d’or et des éclats rutilants, qui tremblent également dans les flaques du parking. Parfois, un éclair blanc explose sans bruit dans la nuit, brève étincelle. Saccadé et linéaire, le bruit du métro s’éloigne, le silence retombe avant qu’un autre train s’approche, s’arrête un moment et reparte, vers Highgate par exemple. Sur la gare, un homme accroupi dans l’obscurité bande son arc, flèche pointée vers le centre-ville. Encadrant l’entrée de la station, la cahute à café et celle du marchand de fruits et légumes sont closes pour la nuit. Un bouleau tremble devant la fenêtre de la cuisine. La lune luit, de l’autre côté des rails s’amassent indistincts arbres graves et demeures massives. Au matin, le tout sera peut-être gommé d’une brume blanche.
#2836
La majeure partie de mon équipe est en route vers Paris, pour le Salon Fantastique — je vais me sentir un peu seul, snif. Mais il faut dire que je monte justement à Paris la semaine prochaine, en coup de vent, juste le temps d’aller visiter les entrepôts de MDS à Dourdan, notre nouveau distributeur, avant de filer à Londres pour une petite semaine d’une détente bien nécessaire (faut que j’me calme). Eh oui, Londres encore, Londres toujours, et il convient que j’en profite car hélas mes amis vont vendre l’appartement qu’ils me prêtent depuis pas mal d’années. Bon, d’autres voyages sont déjà à l’étude avec mes camarades ovins, dont l’un au Québec, mais Londres, quoi, il me serait difficile de ne pas y revenir de manière régulière. Tout comme de façon livresque, puisque j’ai récemment publié London Noir, un petit guide de la capitale britannique de 1860 à 1960, et que mon court roman de cet été (actuellement en lecture chez les éditeurs) s’y déroule comme de juste.



