#6073

Suis en train de lire, avec délice et pas mal d’éclats de rire, le journal de voyage de Iain Banks en Écosse à la recherche des whiskys, Raw Spirit. J’y lis à l’instant « In common with a lot of writers and not a few readers, I kind of collect words ». Hier matin mon ami Fabrice en a utilisé un très joli, une lambourde. Les mots, cette source continue de découvertes – en danger des détournements idéologiques et des érosions par les sots et les fats.

#6072

Grisaille et crachin, la promenade du samedi matin fut vivifiante et passa par la Villa Valmont, résidence d’écriture et espace d’exposition que je n’avais pas encore visité, honte à moi, superbe lieu niché au creux d’une forêt sur les coteaux de Lormont.

#6071

Des flammèches sont en train d’éclore. Et je lis, je lis. Des rattrapages, en quelque sorte : L’Ombre du vent de Carlos Ruiz Zafon et The Amazing Adventures of Kavalier & Clay de Michael Chabon. Beaucoup apprécié les deux, mais à des degrés différents : le Zafon est très mélo et trop hétéro pour mes goûts, le Chabon plus littéraire et l’un des protagonistes est gay. Dans les deux cas, des environnements politiques de cauchemar, le franquisme et le nazisme, comme si j’avais besoin de cela dans le contexte immédiat. Je viens de commencer la lecture d’un autre pavé connu, 1Q84 d’Haruki Murakami, très intrigant comme toujours.

#6070

Hier soir, rentrant un peu fourbu d’une journée à la librairie, j’ouvris vite la porte du jardin à l’insistance de la chatte, que son enfermement d’un jour avait un peu énervée. Je n’eus pas le temps de finir de relever le store qu’un pépiant boulet gris fonça au-dessus de la clôture, hoquetant d’une stridente colère. Ma chatte effectua une sorte de huit, précédée d’un autre volatile, elle qui jamais ne chasse et ne réagit guère depuis deux ou trois au vacarme impudent des merles grattants le sol de mon micro sous-bois. Avec un cri de détresse, la merlette pourchassée vint se loger à mes pieds, sous la petite table métallique de jardin. L’air vaguement éberluée, ma chatte ne la suivit pas et, me penchant, je ramassai l’oiseau prostré. Dans ma paume, la merlette se redressa sur ses deux pattes, secoua un peu le désordre de ses ailes, puis resta à respirer, regardant autour d’elle et me considérant d’un œil sombre. Un bon quart d’heure je demeurai ainsi, debout sur la terrasse, immobile un oiseau dans la main. Mon téléphone laissé à charger dans le salon, je ne saisi pas de photo de ce curieux instant aviaire. Enfin, la merlette se redressa, enserra une seconde mon pouce de sa griffe puis étendant ses ailes brunes, elle s’envola, alla se jucher sur une branche du troène au-dessus de moi. Un autre quart d’heure, elle resta là à reprendre ses esprits, puis dans un froissement de feuilles alla rejoindre l’autre merle qui, plus haut, continuait de cadencer son alarme.

#6059

Je suis un peu triste. Je viens de finir de lire le dixième et certainement dernier des « Tales of the City » d’Armistead Maupin, une série que j’ai lue et relue au cours des décennies. Et puis j’ai également lu le dernier David Lodge qu’il me restait à lire. Il était de ces auteurs que… disons que je les « économise », essayant de ne pas encore, pas déjà (!), avoir tout lu d’eux : Iain Banks, Christopher Fowler, Jean Giono, Haruki Murakami… sont de ces auteurs précieux, que je ne souhaite pas finir de lire – mais que je relis volontiers, aussi.