#6017

Bordeaux retourné au néant de la brume, c’est ce matin par le « chemin de montagne » que nous grimpâmes dans la forêt des coteaux de Cenon, admirant les troncs moussus gonflés de brouillard, les mousses neuves à l’éclat presque fluo et les premières floraisons de mimosa. Au retour, fourbu et transi, le chagrin d’apprendre la disparition d’un des très grands de la science-fiction, un de mes auteurs favoris, monsieur Christopher Priest. Souvenir d’avoir fait la queue à Épinal avec mon camarade Julien B. pour une dédicace, en fans émus. Et de cette jubilatoire table ronde à la convention de Harrowgate sur la New Wave, où Priest déroula ses souvenirs en compagnie de Clute et Robinson, un si beau et mémorable moment.

#6015

Samedi matin dans la brume et près de l’eau. Après un simple trajet en tram, se promener dans les marais de Bruges et admirer, au sein des prés détrempés et des fossés aux eaux couleur de soupe à l’oignon, toute une faune locale : vaches, chevaux, canards, grues blanches et, surtout, ces grandes cigognes qui arpentent l’herbe d’un pas de retraité. Deux heures hors du temps.

#6014

Été me promener dans la douceur retrouvée du soir, séduit par les perspectives lumineuses d’un crépuscule tout en voiles mauves, en nuages flambants et en étincelles de lampadaires comme des festons oubliés des fêtes. Au bord de l’église tintaient les chocs d’un jeu de pétanque. Sur la voie ferrée gronda un convoi, dont le conducteur ponctua l’entrée en gare de quelques coups de corne.

#6013

Ouvrant tout à l’heure un vasistas afin que ma chatte puisse effectuer la brève promenade sur les toits qu’elle me réclamait, dans la maison silencieuse s’introduisît cette rumeur urbaine à laquelle mon logis participe aux beaux jours mais qui s’oublie un peu lors du calfeutrage hivernale : le long souffle cadencé d’un train, la hâte tournoyante d’un lointain hélicoptère, les soupirs pneumatiques d’un autobus…