#2226

Une réflexion brillante de l’excellent Colville Petipont sur la place des images dans les livres… Ce qui ne peut que m’intéresser, moi qui aime que les livres des Moutons électriques, même les romans et les recueils de nouvelles, comportent si possible une part d’iconographie.

Faut vous dire qu’en ce moment, on cogite comme des fous sur nos petits Moutons et leur avenir, l’entrée chez Harmonia Mundi au 1er octobre représentant un peu comme un « Moutons 3.0 » pour nous. Alors: nouvelle collection, relooking de couv et orientation graduelle vers plus de graphisme/sobriété (par opposition à « illustration en pleine couv ») sur la Voltaïque, constructions de projets et d’objectifs pour la Miroir, projets pour la Rouge, nouveau site, livres numériques, devis divers et abandon de quelques projets trop pesants, comptes et statistiques… et de beaux horizons, globalement.

Et puis tiens, l’autre matin j’écoutais le (splendide) live de Malicorne, et en entendant « Nous sommes chanteurs de sornettes » je me suis dit que c’était une définition qui me plaît. De l’avis visible de pas mal de gens de l’establishment et du fonctionnariat culturel, il est clair que je suis éditeur/auteur/lecteur de sornettes.

#2225

C’est un hôpital, abandonné, en haut de Tottenham Court Road. Ou en bas d’Hampstead, comme vous voulez. Je l’avais déjà remarqué il y a des années, et rien n’a changé: toujours le même côté victorien joli comme tout (désolé, la photo était ratée, avec juste un iPhone j’fais ce que je peux, hein?) et une longue façade en déréliction sur la rue. Avec tout de même une ouverture vers le centre verdoyant de ces ruines, car en fait derrière il y a toujours un autre hôpital, bien actif. Je trouve ça fascinant, et un peu triste, et surtout fort interloquant: une masse pareille, abandonnée, en plein Londres? Et puis tout de même, il y a vraiment beaucoup d’hôpitaux abandonnés, ou fermés, ou reconvertis, à Londres, est-ce normal? Il y en avait vraiment trop, ou bien on soigne moins de citoyens britanniques, de nos jours?

L’espèce de choc (le mot est trop fort) que j’ai ressenti en voyant cet hôpital abandonné, il fut double. À la fois me rendre compte que j’étais déjà passé par là et que cette ruine massive n’avait pas bougé. Et qu’il s’agit très certainement de l’hôpital abandonné mis en scène régulièrement dans une série de fantasy urbaine que je lis, un hôpital fermé où officie une infirmière fantôme spécialisée dans les blessures surnaturelles — et malgré tout affiliée à la Sécu. Problème: je ne sais plus dans quelle série. Les Mike Carey, les Ben Aaronovitch, les Kate Griffin? J’adore cette littérature populaire urbano-fantastique actuelle, mais à force ça se ressemble un peu tout, quand même, d’autant que les Carey et les Aaronovitch se passent tous plutôt dans le nord de Londres (et cet hôpital est l’ancien North London Hospital), Euston Road passe non loin.

Faut dire aussi que je manque un peu de mouvement, niveau neurones. Dans un manuscrit que j’ai en lecture, je viens de voir que l’auteur écrit « j’ai dû redémarrer mon cerveau en mode sans échec ». Mon sentiment, exactement. Dracula m’a tuer: trop de fatigue, cette fois, mes camarades d’aventure sont des fous increvables et je suis rentré absolument épuisé. Un épuisement qui se prolonge, une semaine déjà, je lutte contre mon corps, yeux piquant, jambes lourdes, je déteste ça. D’autant plus embêtant que je repars, lundi, pour Édimbourg. Oué, oué, la dure vie de l’intello précaire — mais là, c’est la retraite de mes vieux parents qui va payer, j’avoue. Rêvez pas, je ne gagne pas des mille et de cents. Ce matin j’ai été racheter des patates. Enfin bref. Plus de neurones, je vous dis.

#2224

Cette nuit j’ai rêvé que j’avais repris mes études, dans l’université d’une petite ville française aux rues pavées. Pour vivre, je cogérais avec Sophie D. et Julien B., qui eux aussi avaient repris leurs études, une librairie d’occase qui faisait aussi magasin de lingerie et salon de thé. On se relayait selon nos heures de cours. Le monde onirique ne s’embarrassant pas de conflit de générations, je me retrouvais contemporain d’un autre étudiant, un garçon que je connais vaguement, Pierre « bouclé » (réellement étudiant de nos jours). Et Joëlle W. était l’une de mes profs, tandis qu’il était question que Francis B. descende de Paris pour effectuer un remplacement. Je m’inquiétais des heures que j’avais séchées, et me réjouissais d’avoir un cours de littérature comparée sur Christopher Isherwood (ce qui m’est arrivé dans la vraie vie).

#2223

« For me, as for many others, the reading of detective stories is an addiction like tobacco or alcohol. The symptoms of this are: Firstly, the intensity of the craving–if I have any work to do, I must be careful not to get hold of a detective story for, once I begin one, I cannot work or sleep till I have finished it. Secondly, its specificity–the story must conform to certain formulas (I find it very difficult, for example, to read one that is not set in rural England). And, thirdly, its immediacy. I forget the story as soon as I have finished it, and have no wish to read it again. If, as sometimes happens, I start reading one and find after a few pages that I have read it before, I cannot go on. » W. H. Auden, The Guilty Vicarage.