Changement de braquet: niveau lectures, après quelques semaines à lire exclusivement de l’anglais, je repasse au français, avec une délectation certaine. Pouvoir passer ainsi d’une langue à une autre est un « luxe » que j’apprécie. Donc, je poursuis et savoure (sur la liseuse) la lecture du prochain Jaworski (eh oui !), et j’entame (sur papier) une relecture à laquelle je songeais depuis un moment, celle des polars de Michel Suffran, le grand écrivain bordelais, les « Sébastien Lechat ». Fictions fluides, captivantes, langues riches, ombreuses, liquides, enivrantes — des lectures fort gouleyantes. Je me suis retrouvé à lire jusqu’à vraiment fort tard cette nuit, et il faut bien avouer qu’en cette fin d’été je me sens quelque peu fondu, fourbu, lessivé, choisissez votre métaphore ; les neurones éparpillés par la mort de Roland et grillés par la récente canicule — j’ai donc du mal à me concentrer pour écrire, le roman est au point mort, je n’ai encore fait qu’une poignée de paragraphes de mon papier sur le Londres fifties. Escapade lilloise ce week-end avec de vieux amis, à la Braderie et en mémoire de Roland, justement. J’espère que ça me remettra un peu les idées et les émotions d’aplomb.
Archives mensuelles : août 2012
#2285
Un ami vient de me faire miroiter la possibilité de, peut-être, pouvoir me prêter un appartement à Londres en fin d’année. Voilà qui, faut-il le préciser? me plairait bien (euphémisme). Vivre un moment Londres au quotidien, sans être à l’hôtel, cela m’intéresserait même beaucoup — en renouvelant fort à propos mon expérience de Londres. Car si je prend grand plaisir à rédiger une série d’articles historiques pour Londres, une physionomie, et si j’étais ma foi assez ému de recevoir lundi matin les feuilles de tirage (pages imprimées mais non collées) de Hercule Poirot, une vie, j’ai l’impression, que dis-je: la certitude, de passer vis-à-vis de ma passion pour Londres un véritable cap. Ces ouvrages concrétisent en effet de longues années de passion et, ce faisant, les clôturent en quelque sorte. Bien entendu, je reviendrai encore un peu au sujet — un autre Bibliothèque rouge autour de Jack l’Éventreur est déjà prévu, le premier étant quasi épuisé —, mais j’éprouve tout de même, en ce moment, un sentiment d’achèvement, de but atteint.
Feuilleter notre bio de Poirot (co-écrite avec Xavier Mauméjean, d’où le « notre »: écrire à quatre mains est un exercice d’une grande richesse) m’a d’ailleurs évoqué un sentiment étrange, celui en particulier d’une incrédulité, genre « on a écrit tout ça ? »… Et puis, je sais que pour retourner à Londres, il faudrait que ce soit dans de nouvelles conditions, et/ou avec de nouvelles personnes. Pour renouveler mon regard, changer de chemins. En cela, l’invitation de Simon & Gwenn a les rejoindre et leur servir de guide, à la fin de leur voyage à la poursuite de Dracula, constitua bien un tel renouvellement, puisqu’ils me firent aller dans des lieux que je ne connaissais que peu ou pas, sur les collines d’Hampstead. J’aspire à pousser un peu plus loin ce renouvellement.
#2284
Ma passion pour la bande dessinée n’a même pas été entamée par mon rejet viscéral du métier de vendeur en librairie, et si, « par manque de numéraires » comme dirait madame Groc, je n’achète vraiment plus beaucoup de bouquins de littérature, plus aucun livre d’art, peu de revues et encore moins de CD, il faut bien avouer que mon mince budget file généralement dans l’achat de bédés. Seulement voilà, problème: je crois bien que je deviens vieux. En tout cas, mes goûts semblent de moins en moins en phase avec la (sur) production actuelle. Et pourtant, bon sang de bois, il y en a, des bédés, tous les mois. Mais je n’y vois guère que des machins de dessin plus ou moins réaliste et en couleurs ordi qui nivèlent le style, des tonnes de thrillers et d’ « héroïc fantasy », comme disent les gens. Beurk. Alors je peine à trouver des choses qui me séduisent, et ça m’attriste un peu. Pour un Cité 14, que j’adore vraiment (suis bien content que les Humanos en aient repris la publication, nonobstant l’accroissement monstrueux du prix de vente) ou un Lincoln de Jouvray, pour un nouveau Hubert ou Vehlmann (deux scénaristes dont j’achète tout), des monceaux de grands albums qui me paraissent tous pareils, sombres de couv et verdâtres d’intérieur. Pff.
Alors faut bien que j’assume le fait d’être apparemment devenu un peu « vieux con », et je me réjouis de la mode actuelle de très belle « intégrales ». Dans le temps, les « Tout » de chez Dupuis étaient franchement moches, mais quel progrès, maintenant la prod de chez Dupuis Patrimoine est absolument impeccable et j’entasse avec délectation leurs gros tomes omnibus. Bon, chez Casterman c’est pas encore ça, leurs Macherot ont des traits trop gras et un papier bêtement brillant (sans parler des multiples et honteuses catastrophes qui entachaient un tome 2 bâclé), mais par ailleurs quel bonheur de lire chez les toujours excellents Cornélius le début d’une anthologie des Pepito de Bottaro — somptueusement reproduits, et avec une bichro ravissante sur certaines histoires. Ça c’est de l’édition. Surprise, immense surprise: Glénat va sortir une intégrale des… Tom Carbone?! Ça alors! Jamais je n’aurais osé rêver de cela — j’adore cette série, furieusement non-sensique, que Spirou cessa vite de publier en français. J’ai même sur mon frigo un « magnet » Tom Carbone, offert par JPJ. On doit pas être nombreux à avoir ça. Et Dupuis d’annoncer une intégrale des Phil Perfect de Serge Clerc: étonnant. Oh, et le retour des Rork d’Andreas, au Lombard. Bref, niveau rééd on est réellement gâtés en ce moment, et je craque même pour des Petits hommes pourtant pas bien géniaux…
Du coup, la bédé prend de plus en plus de place sur mes étagères. Au salon, la plupart des romans en hardcovers ont filé en caisses à, la cave ou en tas sur une étagère basse, pour faire place à des bédés, toujours plus de bédés: les beaux Dan Dare chez Titan, les Carl Barks chez Glénat, les Floyd Gottfredson en américain, Rip Kirby, King Aroo, The Little King, Pogo, et tous les lourds volumes de chez Dupuis & Cie… À défaut d’être à la page, je me replonge dans le patrimoine.
#2283
#2282
Bientôt la rentrée. La chaleur retombe un peu, me laissant moulu et endolori, sans parler de la fatigue. Fini de corriger deux bouquins de fin d’année des Moutons et j’attends les extraits de tirage des autres, maintenant je commence à mettre au propre l’interview que j’avais faite avec Raphaël de madame Monique Groc Chateau. Long mais agréable travail. Après une chute de deux étages et s’être bien râpée le museau, Mandou semble avoir compris et ne va plus trop sur le bord des fenêtres. Je lis de-ci de-là, pas trop la pêche, quelques vieilleries victoriennes, toujours du Chris Fowler, la splendide intégrale Pepito de Bottaro chez Cornélius (loué soit leur nom), des bouquins sur Londres. Temps maussade et humeur de même.