#2274

Ces derniers jours ont été fort bousculés, occupé que je fus par plusieurs bouclages d’ouvrages — ce qui est toujours un moment un peu stressant et très absorbant. C’est donc chose faite, trois livres de la rentrée des Moutons électriques sont chez les imprimeurs. Et puis j’ai relu et corrigé le très brillant et réjouissant Apocalypses! d’Alex Nikolavitch, ce qui fait qu’en dehors d’une poignée de petits articles à relire, je suis de nouveau quasiment à jour. Je devrais donc me remettre à écrire — ces derniers jours, je ne le fis que pour ainsi dire à la sauvette, le matin et le soir, pour un petit papier pour le bulletin Remparts ou pour continuer un roman.

Mais durant ce temps, j’ai encore un peu avancé mes cogitations sur le Bibliothèque rouge de Londres. Il me faut finir d’écrire le gros chapitre sur l’ère victorienne, et j’avais encore à faire ceux sur le Blitz et sur le swinging London, les années 1960. Mais ma foi, à force de lire, de relire, et de regarder des documentaires, aussi, m’est venue l’envie de brosser un petit article sur le canal du Régent. Et un autre pas spécialement petit sur les Fifties, histoire que le portrait historique soit bien complet. La science avance!

#2273

Matin désert, la ville semble presque vide, rideaux tirés sur les devantures de boutiques et rues sans circulation automobile. Une brise caressante fait danser des cornes et des filets sombres dans l’ombre de ma chevelure portée sur le trottoir, nettement découpée par la lumière, sous le ciel d’un bleu sans tache. C’est même la seule ombre, à cette heure les immeubles n’en projetant encore ni d’un côté ni de l’autre de l’artère, comme si le matin collait leur part sombre aux façades. Pas d’habitants, pas de commerçants, la cité n’est plus livrée qu’aux seuls ouvriers, et l’unique bruit montant dans l’air calme le fait grinçant et tournoyant, une scie circulaire, qui chaque matin nous réveille. On a évacué la population sans me prévenir ? Visiblement, il s’agissait de faire place aux travaux : il n’y a plus que cela, tout alentour ça grince et ça tape. Les « maisons de ville », sortes de pavillons montés sur des terrasses, sont apparemment en cours de finition, enfin. Le supermarché en bas du nouvel immeuble doit ouvrir « courant septembre », l’entrepreneur demeure prudent. Mais des hommes en bleu vont et viennent dans la vaste caverne, et devant, sur le trottoir, gît l’immense ligne droite d’une poutrelle en fer, segmentée comme des étagères. Un trottoir mis à nu, béton et gravier, tout comme la rue : macadam arraché, Paul-Bert est un écorché qui crisse sous le pas, les plaques d’égout comme un eczéma. Plus loin, le terrain vague soulève ses monticules de gravats entre les lignes brillantes des nouveaux rails, s’entrelaçant au carrefour en un complexe arachnéen. Un ouvrier les décore de traits orange fluo, à la bombe. Une fille passe qui danse doucement sur sa bicyclette. Une autre me lance un méchant regard, elle ferait un très joli garçon dans sa salopette kaki. Dans la cour, les claquements d’aile d’un pigeon. Je retourne à mes propres travaux.

#2272

« When I was young I fantasised about the future. […] Now that I’m living in it, I find it all a bit tatty. I was expecting us to be on other planets by now. I wanted genetic transformations and orbiting cities instead of Internet porn and small improvements in personal stereos » déclare Arthur Bryant dans l’un des romans de la série Bryant & May par Christopher Fowler, que je relis avec délectation. Et je partage son sentiment, c’est sûr. Notamment, je ne pensais pas qu’il ferait si chaud, dans le futur. Ni que Cabu serait encore dans le Canard enchaîné (il a été drôle, un jour, ce dessinateur?).

Enfin, en tout cas je m’éclate vraiment à relire Chris Fowler, et j’attends le prochain avec impatience (début août, chic). Et ne me lasse pas d’être épaté de si bien connaître les lieux de ces enquêtes, tout comme ceux hantés par les personnages de Ben Aaronovitch et Mike Carey: marrant comme Bloomsbury et tout le nord-est est devenu territoire du fantastique urbain de Londres…

En parallèle, je lis The Night Watch de Sarah Waters, superbe et captivant roman sur et autour du Blitz (en VF il s’intitule Ronde de nuit). Certains écrivains ont le pouvoir de faire vivre, juste en quelques lignes, de véritables individus, de créer des existences entières.

#2271

Avant de voir une expo de Gerhard Richter à Londres, l’avant-dernière fois que j’y étais, j’avoue que je n’avais pas entendu parler de ce peintre allemand contemporain, visiblement fort important et reconnu. Une expo se tient actuellement à Beaubourg — dommage, je n’ai pas l’occasion de monter à Paris — et ce qui m’a franchement attiré le regard, c’est d’apprendre qu’une de ses immenses toiles s’intitule… « Chinon ». Apparemment, en 1987 le monsieur est venu peindre du côté de chez mes parents.

#2270

Je ne sais pas pourquoi, mais l’autre soir je me suis mis à repenser à une série pour la jeunesse de 1970, Here Come the Double Deckers (L’Autobus à impérial). J’adorais ça, étant enfant — j’avais même un gros crush sur le personnage joué par le petit Américain, Bruce Clark. Je les ai revus il y a quelques années et… j’adore toujours cette série, j’avoue. Du coup, me suis dit qu’il faudrait que j’écrive, pour le futur volume de la Bibliothèque rouge sur les « jeunes détectives », un chapitre sur les terrains vagues: cette série, la Ribambelle de Roba, les 4 As de Chaulet & Craenhals, et encore bien d’autres bandes de mômes de fiction…


L’Autobus à imperial par gibouley