#2829

Gosh, by Jove, reçu à l’instant les premiers exemplaires de mon dernier opus, London Noir, un voyage dans Londres de 1860 à 1960 à travers les grandes figures et les grands lieux du polar et de la littérature populaire… Une version « petit format » et resserrée sur mes propres chapitres de l’ancien Londres, une physionomie, bien entendu entièrement revu, avec pas mal de photos rares… Parution octobre… Dernier en date de mes petits cris d’amour pour la capital britannique… I say, what!

#2807

Simenon c’est l’écrivain de la météo : il ne cesse de décrire le temps, le ciel, et ce matin j’ai repris Maigret s’amuse, qui coïncidence assez idéalement avec cette période de vacances (ou du moins pour ce qui me concerne, de relâche partielle, disons). « Le ciel était du même bleu uni, l’atmosphère molle et chaude », oui c’est exactement cela ce matin. Je relis en ce moment les Maigret deuxième époque, ceux des années cinquante et soixante (ou s’y déroulant, puisque SImenon situe nommément les derniers en 1965 bien qu’il les ait écrits au début des années septante). Car il y a clairement deux Maigret : le premier est né vers 1887, il prend sa retraite en 1934, sa femme se prénomme Henriette, ils habitent place des Vosges, le brigadier Lucas meurt vers la fin, le gros Torrence a quitté le PJ pour fonder l’Agence O… Et le deuxième est né en 1912, il prend sa retraite vers 1967 ou 68, sa femme se prénomme Louise, ils habitent bien entendu boulevard Richard-Lenoir, Lucas est inspecteur tout comme Janvier et Lapointe… Dans son « Bibliothèque rouge », Jacques Baudou avait essayé de concilier les deux, mais finalement ça ne fonctionne pas, ou mal, si l’on examine un peu mieux les éléments de l’enquête… Pas encore relu le roman avec le troisième (!) Maigret, les Mémoires… Univers parallèles…

#2765

Londres, décembre 1952. Du 5 au 9 décembre 1952, une « Great Smoke » particulièrement épaisse recouvre la capitale et, après son passage, le ministère de la santé révélera que plus de quatre mille personnes en sont décédées prématurément. Le Parlement adoptera en 1956, enfin, le Clean Air Act, visant au contrôle de la pollution atmosphérique, qui aboutira finalement à la disparition du tristement fameux smog londonien.

« Le brouillard était tel une couverture de couleur safran, imbibée d’eau glacée. Il avait menacé sur Londres toute la journée et commençait finalement à descendre. Le ciel était jaune comme un chiffon à poussière et le reste prenait un noir granuleux, surimposé de gris et éclairci de temps à autre par un éclat de couleur de poisson quand un policier tournait dans sa cape humide. » Margery Allingham, The Tiger in the Smoke (1952).

#2645

À propos de monsieur Poirot, juste un détail, un souvenir que je peux vous confier : nous avions presque terminé de rédiger cette nouvelle version de sa biographie, Mauméjean et moi, lorsque je réalisai que nous avions omis quelque chose de pourtant assez important : l’on savait que Poirot, en bon Belge de son époque, était croyant, forcément catholique. Comment imaginer qu’il n’allait pas à la messe, alors ? Non qu’Agatha Christie ait jamais évoqué cela, mais soudain il me sembla qu’il s’agissait d’une évidence, d’un trait de caractère intime qui ne pouvait être inséré dans un roman policier mais devait faire partie de l’existence quotidienne de notre cher détective.

Comme nous l’écrirons alors : « Nulle part dans les textes il n’est fait la moindre allusion au fait que Poirot se rende dans une église. Mais, à cette époque, il s’agissait encore d’une démarche assez commune, fort peu sujette à commentaires spécifiques. La foi de Poirot relevant du domaine intime et n’ayant pas de lien avec ses enquêtes, ses biographes n’ont pas jugé utile de nous donner des indices sur sa fréquentation ou non d’un lieu de culte. »

Mais enfin, l’évidence me frappe, Hercule Poirot ne se rend-il pas parfois à la messe ? Je cherche sur des cartes : les églises catholiques ne sont vraiment pas nombreuses à Londres. Ah, en voici une pas très loin de Covent Garden… Oh mais non, encore mieux, attendez… Il y en a une au bout de Charterhouse Street, la rue qui conduit à l’immeuble d’Hercule Poirot sur Charterhouse Square ! La réalité nous fait de ces cadeaux : l’église de St Etheldreda, l’une des plus vieilles d’Angleterre, sur Ely Place. Une église catholique, la seule de tout ce secteur. Voilà : impossible d’imaginer qu’il ne s’agisse pas de l’église où monsieur Poirot alla de temps en temps à la messe.

Ainsi se conduit la biographie d’une grande figure mythique des littératures populaires : sous la forme d’une enquête.

#2626

Depuis quelques années, je me passionne pour une nouvelle forme littéraire, une sorte de résurgence de la fiction « pulp » et du surnaturel dans des modes très actuels, post-modernes et finalement plutôt « grand public »… (sur la photo, mes lectures récentes dans ce style) Une copine libraire me confirmait l’autre jour avoir elle aussi constaté que le fantastique plaisait de nouveau beaucoup, et que ce « néo-pulp » séduisait énormément, que les gens le tiennent même comme moins « intimidant » que les littératures de genre plus identifiées, plus installées comme la fantasy ou le space op. Et de me citer les trad de Jim C. Hines et de Daniel O’Malley, autant de séries que j’ai effectivement apprécié dans cette nouvelle mouvance et qui sont parmi les premières traduites chez nous. Bref, tout ça pour dire que les lignes bougent, que l’imaginaire bouge… et que ça me plaît beaucoup, tant comme lecteur, forcément, que comme (co-) éditeur puisqu’en fait ce sont ces diagnostiques qui nous ont lancés dans le lancement du nouveau label Les Saisons de l’étrange. La campagne de « crowdfunding » entre dans ses derniers dix jours, on croise vraiment les doigts pour atteindre le huitième bouquin, ce serait trrrrès chouette! allez-y voir : https://fr.ulule.com/les-saisons-de-letrange/