#2462

Comme bien souvent, des envies de Londres me taraudent, que je ne saurai hélas concrétiser de sitôt. Et relisant avec délice le premier polar de Dorothy L. Sayers, Whose Body?, il me revient en mémoire une journée de décembre 2011 où alors que je m’étais lancé à la recherche des différents logis de James Bond et d’Agatha Christie dans Londres, j’avais traversé la Tamise afin de me rendre dans Battersea, sur une impulsion, vaguement sur la trace de cette première enquête de Lord Peter Wimsey. Je me souviens en particulier d’avoir eu la témérité de vouloir traverser Battersea Park. Si l’environnement urbain est dur — pierre, béton, brique, macadam — que dire de la nature? Sitôt entré dans le parc, je réalisai que la température venait de chuter de plusieurs degrés. Et alors que j’avançai sur un chemin, le froid monta brutalement dans mes jambes, me pénétrant jusqu’aux os. Les ombres s’étiraient en lames bleutées et le sol se barbouillait de boue. Impossible de tenir : je regagnai précipitamment le bord du parc et le trottoir extérieur, avant que de virer à un beau bleu schtroumpf. Tout de suite, la température redevint supportable. Il fit particulièrement beau, ce jour-là, je conserve le souvenir de cette lumière tendre et fragile sur Chelsea, glaciale et coupante sur Battersea, puis de nouveau chaude et rasante sur Pimlico.

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#2459

Retour du pays où les choux ont leur pipeline, où les toits sont couverts d’ardoise, où les feuilles commencent seulement à roussir. Visité une nouvelle fois l’abbaye de Fontevraud, si blonde, si belle. Mais dont je n’ai certes ressenti aucune « spiritualité », du couvent à la prison, haut lieu de l’oppression plutôt.

#2458

Il y a une mélancolie du chemin de fer, entretenue par l’entreprise SNCF elle-même ; quoique « entretenu » ne soit pas le terme le plus adéquat : l’herbe qui pousse entre les rails des emprises ferroviaires, cette herbe des talus chère à Réda, mais aussi ces grands entrepôts anciens, qui paraissent souvent en état d’abandon – comme à Libourne celui qui dresse au bord des voies le triangle édenté de son pignon aux vitres presque toutes brisées. Et ces tourelles dilapidées, ces pylônes rouillés, ces passerelles usées, ces wagons tagués garés entre deux bouquets de genets… Nos trains roulent au sein d’une archéologie, des souvenirs d’un autre siècle en dépit du métal lisse et du profil hi-tech des véhicules.