#2739

Sous ce ciel d’étain, avec ce vent aigre et la pluie menaçant, je ne m’attendais guère à trouver à la brocante dominicale moult opportunités livresques, mais allez, cela faisait plusieurs fois que je n’y allais pas, et puis je manquais de victuailles fromagères. Eh bien, ce ne fut pas si mal, il y avait même une partie des Jean Ray en Marabout — mais avec l’intégrale Alma qui vient de s’achever je fus raisonnable. Un peu d’enfantina, aussi, pas sur la photo. Et l’on va rester à s’enfricher chez soi, vu la météo peu clémente. Ce n’est pas comme si je manquais de lectures.

#2738

J’ai publié il y a longtemps une nouvelle de Marie-Pierre Najman (autrice ayant depuis hélas décidé de cesser d’écrire, c’est une perte), qui postulait une société où les textes de science-fiction seraient parfois réécrits par des auteurs plus récents, afin de leur redonner une actualité de ton et de style. Dans la réalité, ça c’est rarement pratiqué — de mémoire, je ne vois guère à citer que la réécriture par John Scalzi du premier Fuzzy Sapiens de H. Beam Piper (et je n’avais guère été convaincu par l’exercice, vu que Scalzi n’écrit pas notablement mieux que Piper, n’a ni style, ni ton ni idéologie très différents de Piper, et que le texte de ce dernier demeure aussi lisible qu’agréable).

J’ai relu la nuit avant-dernière Une porte sur l’été de Robert Heinlein (en V.O.) et, franchement, dans l’idéal il faudrait que quelqu’un le réécrive, de nos jours. Parce que l’écriture de ce roman de 1957 est indigente, sa narration pesante et mal fichue, les conceptions de l’auteur de la technologie en tant que simple bricolage risibles (ou attendrissantes, si l’on veut être gentil), ses digressions embarrassantes et la fin du roman rien moins que ridiculement réac. Et le tout atrocement daté. Mais cependant, un tel roman demeure dans le souvenir ému de ses lecteurs, et ce n’est pas pour rien : l’attachement du protagoniste à son chat est très touchant, tout l’imbroglio de croisements temporels est fort astucieux. Cette petite comédie lourdingue et réac pourrait somme toute redevenir un joli roman léger et malin, si on le réécrivait de manière plus contemporaine — et ce, même en conservant l’aspect « gros boulons et gros tuyaux » de sa technologie, qui présente une esthétique délicieusement décalée. Mais en l’état, hum, non. Pour moi, c’est juste du « pulp » rigolo mais médiocre ; des idées amusantes mais de la bien mauvaise littérature.

#2737

Lorsque j’ai habité à Bordeaux pour la première fois, au milieu des maintenant lointaines années 1980, il s’agissait d’une ville sombre, aux façades toutes enduites de suie noire. Maintenant elle a presque partout retrouvée la blondeur de sa pierre, enfin nettoyée, mais il subsiste çà et là des poches de « mon » Bordeaux brun, et en bas du cours Victor-Hugo les façades alternent d’amusante façon entre une époque et une autre.