#2937

Une tristesse. Il y a dans mon minuscule fond d’impasse plusieurs présences animales familières : les trois chatons que je viens encore de voir courir au sommet de la muraille ; la tourterelle brune qui, maintenant qu’une voisine lui donne des miettes, ne quitte plus guère l’asphalte de notre ruelle ; et un hérisson de bonne taille, que je croisais parfois lors de mes promenades vespérales et que je n’ai jamais osé essayer de prendre en photo. Las, je viens de voir le pauvre petit corps de ce dernier dans un caniveau, ça m’a serré le cœur. C’est bête mais il va me manquer.

#2936

Une trompe vient de résonner dans la nuit, basse et longue comme une corne marine. Puis une deuxième, comme si un navire s’est échoué du côté du boulevard : une corne de brume en pleine terre. Et justement, dans la brise soutenue de cet après-midi, je me disais que le feuillage des trois arbres que j’ai laissé pousser au bord de mon bout de jardin, depuis un peu plus de six années que je suis ici, me procure en journée comme un susurrement marin. Yo oh oh.