#3093

Il ne cesse de pleuvoir, dans mes lectures de ce fichu été : dans Une vie de Maupassant, puisque je relis ce cher Guy ; dans les Jean Rouaud, à commencer par le formidable deuxième chapitre des Champs d’honneur, certainement parmi les plus belles pages météorologiques ; et bien entendu chez Simenon, qui s’en défendait et pourtant.

#3092

Malade un jour sur deux et prudent le reste du temps, je ne peux finalement même pas écrire sur des carnets. Je vis donc cet été raté dans une frustration : je sais quels textes je dois finir pour les prochaines parutions de Bodichiev, j’ai aussi conçu un recueil ultérieur que je ne peux débuter – et malencontreusement mon cerveau ne cesse de me projeter vers le roman plus ambitieux dont j’ai l’idée pour cet univers. Alors, je note sur l’iPhone des bribes à ne pas perdre qui viendront s’ajouter à la novella en cours, façon puzzle… et je cogite, un peu dans le vide : comment dans un Empire couvrant une majeure partie de l’Occident fonctionne l’impôt ? En particulier, quelle taxe ajoutée existe, le port de Londres applique-t-il des tarifs sur le fret ? (Si si c’est important) Et quid de l’anti-sémitisme dans un univers qui n’a pas connu les guerres mondiales ? Je choisi de croire que ce racisme hideux a disparu mais lorsque, lisant un Simenon (Les Fantômes du chapelier) ou L’Homme pressé de Morand, je tombe sur de petites saloperies qui me hérissent, je m’interroge, cette haine du juif à la fois si ancrée et si absurde, si ignoble, comment l’effacer dans une uchronie essentiellement en paix ?

#3091

Brève excursion matinale afin d’être fidèle à un engagement : aller voir la petite place dédiée à l’écrivain Michel Suffran. Avant une semaine de pluie annoncée. Au Jardin public, les canards somnolent au bord de l’eau et les grands arbres marmonnent au bord du ciel. Les travaux estivaux forcent l’autobus du retour à se tortiller de rue en rue, hors de son circuit ordinaire.

#3090

Monsieur le maire, pourquoi il y a-t-il si peu de bancs dans notre belle ville ? Longue promenade : faute de pouvoir travailler, la marche calme mon organisme et réjouit ma tête, le plaisir un rien surpris d’être un citoyen bordelais ne s’estompant guère après huit années de retour d’exil. Ruelles et détails quotidiens, fleurs de trottoir, jeune femme assise sur sa fenêtre en rez-de-chaussée lisant un gros bouquin, deux gamins juchés sur le toit d’une sanisette sous les arbres, une grosse dame aux tresses blondes tirant ses volets blancs, des toboggans abandonnés, la marche chaloupée des pigeons, les piafs dans les noyers, un reggae dans une courette près d’un établi… sous un ciel poudreux.

#3089

À petits pas. Les rendez-vous médicaux. Les corrections d’épreuves du prochain recueil. Les tomates qui mûrissent. Les lectures satisfaisantes (un Maigret sans Maigret, Monsieur La Souris). L’héritage inattendu de ma vieille voisine (quatre bouteilles de vin de petit exploitant). Les papillons qui passent.