#6140

Bordeaux-en-brume ce matin, les voies ferrées se perdent dans une grisaille incertaine, le ciel embarrasse les toits d’un intangible coton et les petites rues creusent des passages blafards dans ce jour humide. Le réel en profitant pour se troubler un peu, j’ai vu émerger d’une grange-garage le nez bas et les ailes élégantes d’une turbotraction premier modèle, sans distinguer cependant si son conducteur se vêtait de rouge.

#6139

Rencontre très Halloween lors de la promenade d’hier, sous un ciel de plomb qui menaçait la pluie : ayant remarqué d’étonnantes fleurs tombantes en grandes trompettes jaunes, nous nous approchâmes. Oh, de la datura, dont les sorcières s’enduisaient pour leurs vols en balais ! « Ce sont des plantes riches en alcaloïdes dans tous leurs organes, vénéneuses mais intéressantes sur le plan pharmacologique. »

#6138

J’ai songé à Graham Joyce, tout à l’heure. L’un de ses romans s’intitule The Ghost in the Electric Blue Suit et comme je faisais une grande promenade en ville, je vis près de la librairie Mollat un homme planté immobile sur le trottoir, vêtu d’un costume-cravate… jaune fluo, vous savez, ce jaune-vert qui tire sur les yeux et semble piquer le réel. Je n’ai pas osé le photographier, les fantômes étant susceptibles. Mais de la flore des trottoirs, c’est la plus étrange que j’ai observé ce jour.

#6137

Le poète beat Lawrence Ferlinghetti nommait cela un « fish-sky at morning », et vraiment on a bien un ciel de poisson plein d’écailles : après pluie et tempête, le calme revenu, c’est ciel bas et gris ce matin, vaguement fumeux, un peu nervuré de lumière, mais le plaisir de marcher quand même dans les rues avoisinantes, pour songer à Bodichiev et son univers, son voyage à New York (car que serait un Bodichiev sans un peu de voyage ?) et les enquêtes sur des fantômes.