À l’orée d’un bois de tilleuls, dans la vaste verdure d’un domaine répondant au nom enchanteur des Fays, quelques proches des Moutons électriques eurent l’occasion ce week-end de se réunir afin de fêter le quinzième anniversaire de la maison d’édition, avec moult plats succulents, nombre de bouteilles, petite bourse d’échange de livres, bavardages jusqu’au bout de la nuit, feux d’artifice et feu de camp… Tout le monde n’y figure pas, mais ce sera la photo « officielle » malgré tout, par Christine Luce, de cette tendre et joyeuse célébration.
Archives de catégorie : journal
#2825
Je n’avais (quasiment) jamais campé. Un « quasiment » qui n’obtiendra aucune explication publique afin de ne pas entacher la réputation de Michel Pagel. Et donc cette nuit fut ma première sous une toile de tente. Ce ne fut point déplaisant, plutôt exotique – que voulez-vous, avec le grand âge me prend des envies aventureuses. Les sons surtout s’avèrent d’une sereine et nocturne différence. Le grésillement du feuillage du bouleau, la grande voix marine de la canopée, des murmures dans l’ombre, les hululements soyeux d’une chouette et, beaucoup plus rares, quelques râles lointains, chevreuils peut-être. Sinon j’ai dormi, hein, surtout.
#2823
A l’extérieur les murs sont blancs ; à l’intérieur ils se couvrent de livres, et les pièces prennent des aspects de cosy labyrinthe où chaque pas, chaque regard, accroche une reliure de Pipolin, un tas de romans photo, une pile de recueils de contes, un alignement de Marabout, des Conan au lettrage seventies ou les dos jaunis de quelques Théo Varlet. Que la conversation roule sur de vieux « Présence du Futur », sur une nouvelle de Heinlein ou sur les romans de Bérato-Dermèze et il suffit de consulter les rayonnages, derrière le désordre de fauteuils et de canapés. Le bordeaux sombre du plafond et la noirceur des poutres rappellent un pub anglais. Au dehors, un dîner de chat laisse sur les dalles rouges deux ailes et une poignée de plumes blanches, tandis qu’au dessus de nous tournent les fuseaux noirs des chauves-souris. Les tourterelles commèrent dans les grands arbres, les humains simplement sur des chaises. Les nuages prennent des langueurs et des teintes à la Maxfield Parrish. Chaque bouteille de bière porte des noms étranges et même le thé se métisse de coquelicots. Une piéride des choux tressaute dans l’air comme un copeau de lumière. Les baies noires du sureau dodelinent au pied du houx, dont les fruits ne sont encore qu’orangés.
#2817
#2816
Ooooh ce fut un peu rude, aujourd’hui (plaignez-moi) : passé toute la journée sur des tableaux pour notre nouveau diffuseur — je hais Excel… Et dehors non seulement il faisait 33° mais, en fin de journée, une andouille écoutait du Justin Bieber à fond les ballons… Enfin, le soir venu, un coup de fil de mon fils-à-moi-que-j’ai et une discussion Messenger à bâton rompu avec une amie, et tout va déjà mieux… Les grillons stridulent calmement et j’ai récolté dix-sept figues mûres quand il faisait encore jour…





