#3020

Pourquoi ai-je tant de livres ? Discutant l’autre jour avec mon assistant de romans que je venais de retirer de mes étagères, pensant que je n’aurai guère l’occasion de les relire, le garçon esquissa un coup d’œil interloqué vers la bibliothèque la plus proche et me demanda si je pensais que je pourrai relire tout cela ? Certes non, et depuis quelques temps je m’interroge un peu sur ces murailles de papier que j’ai érigé chez moi. Question existentielle. À quoi bon ? Je connais pourtant deux éléments de la réponse : tout d’abord, parce que cet entassement me procure un étonnant plaisir, et ensuite parce que la source de cette réjouissance c’est sa potentialité : tous ces récits que je n’ai pas encore lus, tous ces récits que je peux relire. Un potentiel de lecture, un réservoir qui me comble et me rassure. Tant qu’il y a de la lecture il y a de l’espoir, en quelque sorte.