#5006

Je suis cerné, ma pauvre petite maison frémit sous les vacarmes de travaux, de chaque bord : le logis de la défunte vieille dame a été repris par des Fanny & Guillaume qui ont tout détruit ; et de l’autre côté, la maison abandonnée ne l’est plus, reprise par des Fanny & Gaël qui ont… Ah oui, il y a comme un motif qui se dessine, là. Et si c’était cela, le véritable « grand remplacement », l’approche implacable de clones de jeunes couples hétéros tous semblables ? La ville a peur !

#5005

Des semaines comme des marathons, avec chaque jour au moins un obstacle à sauter, hop hop, de l’édition comme course d’épreuves, mais heureusement il commence à y avoir aussi quelques bonnes options. Sous la bruine froide et dans la bonne humeur. Et en lisant le sidérant nouveau Jaworski, vrai bonheur de lecteur avant de devenir, l’an prochain, un bonheur d’éditeur.

#5004

Sonorités liquides de la nuit. Réveillé sans raison, j’entends au dehors le frétillement d’une légère pluie nocturne qui pleure sur le vasistas et, au rez-de-chaussée, les gloussements d’eau d’un radiateur ainsi que le tintement discret de la fontaine des chats. Je rêvais de l’océan, il y a un instant, je crois. Dans l’obscurité une rumeur monte : c’est l’averse qui enfle, emplit la chambre du bruit maritime de sa cavalcade puis se calme à nouveau, redevient une simple respiration.

#5003

Après un samedi de farniente effondré, se traîner jusqu’aux puces de Saint Michel, les yeux tirés et le dos froissé, afin d’aller admirer le dominical fatras toujours semblable et toujours renouvelé, les juxtapositions absurdes sur des tréteaux de fortune, les grandes gueules et les gueules cassées, les bouquins en vrac et les vases en alignement, les vinyles usagés et les tapis élimés, sous le bleu glacé du ciel hivernal.

#5002

Nous sommes le 12 février, jour de la saint Félix, et quelqu’un tire un feu d’artifice quelque part du côté de Bègles ou de Talence ; de ma chambre sous la pente du toit j’en entends les claquements secs et le crépitement nocturne. Je viens d’inspecter ce ciel de papier froissé que pique seulement la lune blanche, mais n’ai pas aperçu les festives explosions. Il s’agit d’un aspect de la psychologie bordelaise qui, je l’avoue humblement, continue à m’échapper : mais pourquoi tirer ainsi des feux d’artifice à tout bout de champ et à longueur d’année ? Grave question.