#5049

Nos pas n’inscrivent généralement aucun signe sur le papier des rues. Les pistes muettes des trottoirs chaussent les pieds des façades ; des bosquets d’ombre s’accrochent aux parapets, aux gouttières, aux caniveaux, aux crinières des arbres, sous leurs troncs. Le vent marin viendra-t’il encore nous laisser respirer la semaine prochaine ? Le rouge charnu du soir ne se perce que de rares silhouettes humaines et sans doute de quelques rats. Brindilles, fenêtres et pavés sont autant de joyaux, çà et là, une seconde, sous le ciel sale.

#5047

Quel silence ! Descendant hier matin la rue proche pour me rendre à la pharmacie, j’ai presque cru être devenu sourd tant l’épais édredon estival couve une ville déserte. Un long coup de trompe dans la tranchée ferroviaire, de sombres cloches d’église hier sous un ciel fumeux et rougeâtre, un petit enfant babillant dans une piscine, c’est bien tout. Dans ma micro jungle, les grattements de la merlette résonnent avec solennité. Tout est immobile.

#5046

Eh bien, j’en suis déjà à 20 polars de Ngaio Marsh lus sur ses 32, et je ne suis nullement lassé de ce marathon de délicieux romans vintage qui, bien au contraire, semble plutôt avoir un agréable effet stabilisateur sur mon humeur, actuellement aussi calme que les longues rues vides de Bordeaux. Le Ngaio Marsh dans lequel je me trouve pour l’instant a pas mal de chiens dans son décor et je réalise n’en avoir jamais fait figurer aucun dans mes Bodichiev – quelques chats, oui, mais n’étant guère amateur de la gent canine… Des chevaux non plus d’ailleurs, sauf pour de rares allusions. Et comme oiseaux, seulement quelques corbeaux et une volée de mouettes.

#5045

Hier matin après la pluie, la ville était plus sonore, en quelque sorte plus profonde, chaque bruit bénéficiait d’un peu plus de portée. Maintenant, sous une autre pluie, tout se tait face au frétillement des gouttes sous le ciel gris, et aux rafales du vent qui gifle et bouscule.