Deux nouvelles m’attristent considérablement ce matin, à savoir la mort d’une copine que j’avais perdue de vue, Vanessa Terral, et celle d’une des très grandes dames de la fantasy contemporaine, Patricia McKillip. L’œuvre de cette dernière fut parmi les toutes premières que je lus en anglais — au mitan des années 1980, lorsque les éditeurs français d’imaginaire (traduisez à l’époque : uniquement de SF !) freinaient des quatre fers pour empêcher la pénétration de cette épouvante, la fantasy. Poussé par quelques amis (Brèque, Marcel et Pagel, surtout) à me lancer dans la lecture en V.O. alors que mon niveau d’anglais avait toujours été calamiteux, j’avais tellement envie de découvrir ce genre neuf (pour moi) que j’en fis l’effort, et finalement l’anglais s’avéra une langue très aisée d’abord. Deux des premiers romans que je lus furent The Riddle-Master of Hed et The Forgotten Beats of Eld de Patrick A. McKillip. Et je me revois encore, dans ma petite chambre dans un ancien bordel en centre-ville de Bordeaux (si), en train de lire cette prose incroyablement riche et pourtant si accessible. Franchement, McKillip, pour moi, ce fut alors une littérature qui me fit exploser le cerveau — je n’en revenais pas. À la fois le langage (lire en américain), le style (excessif) et les thématiques (comme du conte de fées complètement réinventé et développé). Ensuite, j’ai lu plein d’autres auteurs bien sûr, par exemple Ellen Kushner, ou Pamela Dean, ou Steven Brust, ou Roberta MacAvoy, ou Esther Friesner, ou Barbara Hambly… me suis même risqué sur l’indigeste Stephen Donaldson… mais j’ai toujours conservé une place spéciale dans mes goûts, presque une douce perversion, pour les hallucinantes sucreries de Patricia McKillip. Elle fut un peu traduite, chez J’ai Lu et chez Mnémos, sans grand succès je crois — trop précieuse, trop exigeante ? Pour moi elle fut une lecture marquante de mon parcours d’éditeur, c’est certain. Et je suis triste.
Archives de catégorie : Lectures
#5020
Ce week-end, de vide-grenier en brocante, et alors que je pensais avoir été fort raisonnable, j’ai tout de même rapporté une vingtaine de bouquins — et dans ces acquisitions documentaires se trouvaient La Montée du soir de Michel Déon et Le Déclin du jour de Germaine Beaumont, deux beaux titres en écho, joli hasard.
#5010
#5006
Merveille du manque de mémoire : entre deux grandes rasades nocturnes du prochain Jaworski — je crois bien que le sommeil me fuit sur mes vieux jours —, je lis une petite série de polars situés à Oxford… ou bien les relis-je ? J’ai le vague souvenir d’avoir déjà binge-read cette série il y a longtemps, une vingtaine d’années disons, mais je n’en ai pas conservé de trace mentale, aussi agréables soient-ils pourtant. Et les ronds de cuir de Courteline, sûrement les connaissais-je déjà, lus du temps de mes travaux avec Mauméjean sur Sherlock Holmes ? Nul souvenir non plus et pourtant, je savoure tant le style que l’humour, venant d’en acquérir une jolie édition illustrée en grand format. J’entasse, je lis, je relis, c’est tout un ma foi.
#4088
Pas mal lu durant ces quelques jours de pause en pays d’enfance. Fini un énorme manuscrit, lu la moitié d’un autre (les deux excellents), et relu l’étonnant Mémoires de Maigret où Simenon livre bien des clefs de la biographie de son grand flic et s’excuse en abyme de toutes ses contradictions — il faudrait refaire une bio de Maigret sur cette base. Lu aussi Absence de Mario Ropp, conseillé par l’ami Pagel, où plus Sagan que jamais la dame livre un non polar froid et tendu. Je commence maintenant la dérive surréaliste Les Dernières nuit de Paris de Soupault, autre pseudo polar. Je lis beaucoup ces derniers mois en dehors de ma « zone de confort », c’est-à-dire en territoire de la « blanche » plus ou moins ancienne (moderne plutôt que contemporaine, disons), motivé par des questions de style, d’étude des manières d’écrire, en fait.