#6079

En cette langueur estivale dont je redoute la prochaine canicule, je viens de trouver une bien belle formule chez Robert MacFarlane sur les gens qui se croisent sans se connaître, « foreign as dark fish in ink ». Et hier soir j’ai entrepris de relire l’un des chefs-d’œuvre de Simenon, ce Port des brumes si plein de gens et de brouillards.

#6078

L’autre nuit, à la campagne chez Pagel, j’ai écouté un moment les sons nocturnes : deux hiboux filaient en duel leurs chants différents et mélancoliques. Ici, dans mon coin de ville, point de hiboux, seules les bogies d’un train de marchandises crissent sur les rails un long chant cristallin. En cet été, rares sont les bruits, cette nuit j’ai entendu le grésillement puis les coups de balais d’une bruine et d’une averse. Un peu plus tôt, dans le soir, un grignotage m’attira sous le troène : une mésange en picorait les graines. Depuis son épisode avec ma chatte, la merlette ne se risque plus à gratter dans le sous-bois et je n’ai pas la chance, comme de voisins amis, de bénéficier de la visite d’un hérisson. Les feuillages tremblent, frottent et susurrent des paroles végétales. Une radio solitaire grommelle dans le lointain, aussi indistincte que dérisoire, vite couverte par la marée d’un autre train.