#5172

Après les courbes de la gare de Bordeaux, les plis doux du paysage considéré depuis le train : vignes, collines et bois sous un ciel voilé de soie bleutée, pour un passage parisien rapide. Je voyage très peu, trop peu, mais hier efffectuant quelques sauvegardes et rangements j’ai cependant constaté que mon prochain recueil de Bodichiev — Voyages d’un détective à vapeur — avance malgré tout, je ne savais plus trop où j’en étais : Lisbonne puis Rome ; Florence ; Bruxelles ; Bordeaux ; Inverness en cours d’écriture ; et une intro épistolaire… voilà qui devrait faire la matière d’un petit volume supplémentaire, l’année prochaine. L’actualité immédiate étant le « best of » en Folio début mars et le court roman Les Arrières-mondes en mai. Pour le reste, je suis toujours dans les relectures et corrections du long roman, chaque fois que j’en trouve à grappiller le temps.

#5171

Hier soir, lors d’une passionnante intervention à la librairie du Basilic, Christine Luce évoquait la forme d’obsession qui saisit l’écrivain, ce qu’elle nomme une intrication : le fait de penser tout le temps à son projet en cours, à l’univers de celui-ci. Il s’agit de quelque chose que j’ai fortement ressenti cette semaine où, après la fatigue d’un intense séminaire avec mon équipe… alors que mes pieds me font toujours souffrir… et que l’arrachage lundi de deux dents m’a fichu en fièvre et en insomnies… et où je n’ai encore pu me replonger dans la relecture de mon roman… et que j’avais presque plus de boulot que possible… bref, lors d’une fichue semaine fébrile et éreintante, je me suis retrouvé à noter des « trucs Bodichiev » aux heures les plus incongrues, comme encore cette brève description couchée la nuit dernière…

« De l’autre côté des fenêtres, les seuls mouvements dans le paysage étaient les diagonales de la pluie et les glissements des nuages venant déjà jeter l’ancre pour la nuit. »

#5170

Las après cette semaine d’intensif jus de cervelle, assis sous une fenêtre dans le soleil hivernal, les jambes encore tremblantes de diverses marches, crampes et compagnie, je renonce hélas à une manif plus de mon âge (!) et note juste une phrase sans contexte, dont faire usage un jour.

« Traversant le pré silencieux dans les senteurs du soir, alors que les tentacules diaphanes d’une brume blanchissaient les creux du terrain, Bodichiev réfléchissait. »

#5168

Ces petites maisons basses qui s’alignent le long des rues bordelaises, et en proche banlieue, elles peuvent sembler inhabituelles à ceux qui ne sont pas d’ici : on les nomment des « échoppes », leur façade est en pierre et cet habitat populaire fut érigé entre 1840 et 1940 — l’échoppe où j’habite étant tardive, donc un peu plus haute de plafonds. J’avais toujours rêvé d’en louer une — et c’est maintenant le cas depuis 9 ans. Oui, 9 années déjà de douceur bordelaise, joli anniversaire. Et ce matin, sortant de Bordeaux un moment, j’ai été faire un petit tour hivernal de Champignac, la propriété où je vais les week-ends d’été, toujours aussi belle. Il y a maintenant un véritable troupeau de chevreuils : nous en avons vu six !