#5101

« Les lapins, vous faisez quoi les lapins ? »
C’est par ces mots que le monde me réveilla, ce matin. Déjà je somnolais, amusé par les criailleries d’un trio de pies qui se chamaillait au-dessus des jardins. La voix de mon très jeune voisin, qui se prénomme peut-être Elmer, glapit une histoire de chasse au lapin avant cette interrogation étonnée.

#5100

L’application météo ne sait plus à quelles données se vouer, qui annonce des averses fantômes et repousse de semaine en semaine le retour d’une pluie d’ordinaire si habituelle pour Bordeaux. Gris mélancolique ou bleu métallique, le ciel ne promet plus rien, et le capitaine en son jardin meurtri de guetter les derniers fruits d‘une saison déjà automnale. Le minuscule miracle d’une grappe d’arbouses le fascine plus particulièrement, tandis qu’avançant sur sa nouvelle bruxelloise il rumine un peu sur une nouvelle bordelaise, au principe que ce qui est fait n’est plus à faire.

#5098

Le vent bavarde dans les feuilles du noisetier, le bleu du ciel se froisse à peine de quelques brindilles blanches, un pigeon interrompt un instant ses roucoulements pour aller boire. Dans cette paix dominicale, au réveil puis au sortir de la douche des fragments d’une nouvelle bruxelloise exigèrent d’être notés : amusant comme cette fiction permet d’exposer quelques particularités de mon uchronie, encore. Construite en flash-back à partir de l’époque de la retraite de Bodichiev, ce sera la dernière de ce recueil de voyages — dont seules deux autres nouvelles sont déjà composées.