#4008

On prend les petites victoires que l’on a : parvenu ce matin à un peu avancer ma nouvelle, Viat vient enfin de traverser le pont pour sa soirée à Chelsea. La nausée arrive vite et un soupçon de vertige. Mais c’est que dans ma tête j’ai beaucoup avancé sur la construction de cette petite histoire, au point d’en entrevoir la conclusion, et qu’il ne faudrait pas que j’oublie les bonnes idées qui me viennent le soir.

#4007

Descendu tout à l’heure au bas de la rue pour poster un peu de courrier, je fis un menu crochet vers la boîte à livres et… sapristi ! Quatre encyclopédies Quillet de 1965, je ne pouvais tout de même pas laisser ces beautés languir ainsi. Vous me direz, est-ce bien raisonnable, avec tous les livres que j’ai déjà ? Mais on n’a jamais « trop » de livres, et j’avoue un faible particulier pour les vieilles encyclopédies – tout ce savoir sérieux et un peu obsolète, les reliures robustes, les illustrations ou photos en noir (ou en couleurs éteintes, pour ce qui est de la collection Time-Life que je possède depuis mon adolescence)… Et mine de rien, je mets ces sommes à contribution dans mes travaux : outre des scans pour l’iconographie de tel ou tel beau-livre ovin, cela m’est également utile pour écrire mes Bodichiev. S’agissant d’une uchronie, j’aime me référer à de vieux bouquins sur Londres afin d’y glaner des détails (genre les bureaux de police), par exemple, et lorsque tout récemment j’ai écrit une nouvelle située à Raguse (Dubrovnik), « Sous le vent dalmate », j’ai, outre l’indispensable Google Earth sans lequel je n’aurai pas osé tenter un Bodichiev dans un endroit que je ne connais pas en vrai, consulté mes recueils de savoir dépassé, pour y glaner les anecdotes et détails nécessaires afin de donner une certaine épaisseur à un lieu.

#4006

15 août, les cloches de Sainte-Geneviève résonnent longuement sous un ciel blanchâtre où la chaleur d’hier a laissé des hématomes gris et bleu. Le vent d’océan qui a rafraîchi si vite l’atmosphère frémit encore dans les feuilles du micocoulier. Un train passe en heurts fluides, avec un grincement flûté dans le jour immobile, couleur perle.

#4005

Trois quart d’heure penché sur un carnet neuf et la tête « bascule » un peu, surtout un soupçon de nausée monte et je dois arrêter, alors que « Les chats de Battersea » sont à peine engagés – et encore, à la main j’écris très vite, bien plus que sur un clavier. Mais que cet été est frustrant, bon sang de bois. En tout cas, si j’ai peu de mémoire pour les intrigues des romans que je peux lire, j’ai en revanche de la suite dans les idées pour ce qui concerne mes Bodichiev : je viens de voir sur mon blog que les prémisses de cette nouvelle-ci datent d’un jour à Londres de décembre 2011. Et retournant au Sayers en cours, je me dis qu’un petit défaut de mon cycle est de n’avoir que trop peu traité des bords de mer, peut-être. Certes Bodichiev est un pur londonien, mais sur l’archipel britannique la mer n’est jamais très loin. Mouettes et embruns. Je crois n’avoir évoqué le littoral que trois fois, dont deux pour l’étranger (Dubrovnik dans le recueil en cours d’impression et Biarritz qui clôturera le dernier). Je viens par conséquent de rédiger sur l’iPhone un petit paragraphe, première accroche pour le futur « gros roman » envisagé pour lorsque j’aurai enfin bouclé les trois volumes actuellement en fin de travaux.

#4004

Plus ou moins en prévision de mon été d’écriture (bouhou) et en rupture de mes habitudes, depuis bien six mois je ne lisais plus que des auteurs de langue française. Ainsi ai-je relu une bonne part des Simenon, lu un bon paquet de Modiano et de Rouaud, picoré dans du Jaccottet, relu du Flaubert et du Maupassant, plongé dans du Ponson du Terrail et du Jean Ray, retrouvé du Morand, du Gracq, du Giono ou du Perret, revenu à du Vargas, du Rolin et du Sagan, exploré du vieux polar, de Mario Ropp à Jean-Pierre Ferrière en passant par Gaston Boca, Pierre Boileau, Antoinette Soulas, Louis Thomas, André Picot, Louis Rognoni ou Jacques Decrest… Et puis la langue anglaise m’appelait, me manquait, tout de même : après un paquet de Kim Stanley Robinson (nouvelles et novellae), deux Agatha Christie et quelques délicieux Margery Allingham, je relis tout Dorothy Sayers dans l’ordre. Eh oui, mes lectures sont souvent des relectures : ma mémoire est faible et j’apprécie de rafraîchir / redécouvrir régulièrement, le plaisir du recul et d’une nouvelle appréciation. Ce matin, la pie craquète et les mouches tournicotent, la météo annonce une journée torride – je ne sais si je vais avoir le courage ni la tête assez solide ce week-end pour enfin coucher dans un carnet l’histoire de « chats zombies » que j’ai imaginé pour m’occuper ces derniers temps, mais pour lire, toujours.