Citoyen de la ville, lors de mes week-ends à la campagne je ne lasse pas de m’enthousiasmer des quelques animaux que j’y peux observer : monté en haut du domaine pour aller voir les chevaux d’à côté, j’ai dérangé deux chevreuils et trois grands oiseaux blancs, certainement des aigrettes. Ce midi un petit rapace, buse ou faucon, se tenait sur le fil électrique au-dessus d’un pré. Joies sans doute naïves d’un vieil urbain.
Archives mensuelles : août 2023
#5053
Un vent encore chaud caresse les rues calmes et lourdes, fait murmurer les sombres frondaisons, provoque des grincements de gouttières et se glisse par les fenêtres. Il annonce l’effondrement de la température, le retour d’une douceur automnale, espèrent hommes et chats qui cuisent depuis quatre jours. « Le rideau de fer de l’obscurité râcle le gosier des maisons », comme écrivaient Beucler et Fargue dans leur Composite que je lis actuellement entre deux polars de Ngaio Marsh. Il sera bon de respirer à nouveau, je commençais même à avoir du mal à penser, la tête fendue. Assis dans les jupes de la nuit, je hume le limon de la ville, je guette les lueurs, je reprends mon souffle.
#5052
#5051
Trois jours chez mon camarade Michel Pagel, mon plus vieil ami — 42 années bientôt —, seront mes seules véritables vacances de l’été. Des chats, des livres, des mots, des étoiles, la chaleur et, surtout, tout cet immense silence de la campagne. Un silence que, en fond de combe ou chez la voisine sur un léger promontoire, j’ai écouté profondément, presque avec surprise. Entre les deux maisons s’érige l’épaule beige d’une colline entièrement labourée, haute dans la nuit comme une montagne feutrée, plus immobile encore que le reste du silence.
#5050
Cette nuit, bousculé entre coups de chaud et brises froides, entre draps froissés et oreillers doux, j’ai rêvé du corps d’un garçon, puis de la compagnie d’un autre, puis j’ai lu un bout d’un polar se déroulant à Rome dans des décors que je connais — la place Navone — et sur lesquels j’ai écrit, puis j’ai bu un peu d’eau fraîche et me suis assis dans le patio, au sein de la végétation indistincte, en me disant que déjà l’été s’achevait, puis serein dans ma solitude, au milieu du grand silence encore, suis monté me recoucher.