#2293

Retour d’un petit week-end dans le calme et la verdure helvètes. Évidemment, à force de raconter ici un peu tout de ma vie trépidante, lorsque je vois des amis, ils me disent « Ah oui tu l’as dit sur ton blog », mais cela ne freine guère un bavard tel que moi. Ce séjour dans le joli village où résident les Kloetzer fut donc, tout de même, assez volubile. Et puis quel village étonnant que celui-là, où l’on croise moult babas cools de diverses nationalités et des jeunes gens costumés à la mode steampunk. Auparavant, j’avais fait une escale à Lausanne, une ville que j’aime bien. Je me suis même réjouis d’en connaître certains noms, St François, le palais de Rumine, la place de la Riponne, il m’amuse d’être déjà un peu familier avec cette géographie. Et puis que j’aime les villes en pente! Ah, elle tire sur les jarrets, Lausanne, mais c’est un décor plaisant. Légère déception cependant quant à l’expo Ligne claire, plus petite que je ne m’y attendais, et trop rigidement fixée sur l’école d’Hergé, à mon goût — pour l’amateur que je suis plutôt du « style Atome ». De belles planches tout de même qu’il me fit plaisir de voir, par exemple quelques Bob Fish de Chaland, des Joost Swarte, des Chris Ware, et même des Macherot…

Non loin, une expo de Christophe Blain. Ses sujets et scénarios m’intéressent rarement, mais quel trait. Également, adoré l’expo des canards Tom Tirabosco, aussi drôles que beaux, vraiment superbes, son style est un bonheur. Rien trouvé en chinant sur le marché à la brocante — à côté d’un marché alimentaire aux étals rangés par catégorie de marchandise: tout un coin de marchands de fromage, les boulangers à côté, etc. C’est la Suisse, quoi. Un pays où les trains circulent rigoureusement à l’heure, ç’en est stupéfiant (au retour, dès l’arrivée en gare de Bellegarde le train s’arrêta… et pris un quart d’heure de retard: c’est la France, quoi). Arrivé au village de R. je retrouvai mes amis au salon de thé du prieuré, comment imaginer accueil plus doux? D’autant qu’une foire aux livres s’y déroulait, où je dénichais une petite perle des auteurs lyonnais Paul Berna, surtout renommé pour quelques polars jeunesse, et Guy Sabran, son frère illustrateur. J’ai donc cédé à cette tentation (un album de SF, Nous irons à Lunaterra), tout en chinant avec curiosité au sein de nombreux ouvrages d’éditeurs suisses qui ne me sont guère connus.

#2292

Quelques livres de Roland certainement peu connus… (euphémisme !) En 1993, il se lança enfin dans la rédaction d’Archétypes incarnés, le récit de ce qui se passa lors du psycataclysme, et livra la suite en 1998 (publiés par l’éminent fanéditeur Francis Saint-Martin). Et en 1985 je sortais un recueil de 4 nouvelles, mes premières velléités éditoriales… (couverture lettrée par Patrick Marcel) Plus quelques morceaux de psychés qui étaient des favoris absolus de Roland, la pure essence de sa culture musicale.

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#2291

« Se pencher sur le passé parce qu’on ne sait pas de quoi sera fait l’avenir. C’est bien ça qu’on appelle être devenu un vieux con ? » demande Raphaël Meltz en édito du Tigre de ce mois. Bienvenue au club, camarade. Lisant le blog de mon vieil ami Crazy Bird, j’y trouve des photos de conventions de SF, dont les deux premières me firent un drôle d’effet dans l’estomac et quelque part derrière les yeux… Eh, ça y est: on est devenus historiques. La seule différence avec les gens un peu plus âgés que nous, c’est qu’à nous, nos souvenirs sont en noir et blanc alors les leurs sont en sépia. Mon Roland loubard, et Michel Pagel en rockeur, avec Philippe « Crazy Bird » Caille entre les deux en jean…

Alors j’ai encore fouillé dans mes archives… Retrouvé la photo de Jean-Daniel Brèque venant de dédicacer Jean-Pierre Vernay, lors d’une Microcon à Garches (oubliée l’autre jour) ; Phillipe Caille à une convention ; moi pas bien vieux ; Francis Saint-Martin, Patrick Marcel et Rémy Gallart lors de la 2e convention de Rambouillet ; Sylvie Denis lors de la Microcon lyonnaise, et moi idem ; plus tard, moi, Sylvie Denis et Joseph Altairac, convention de Thionville…

#2290

Le texte ci-dessous n’est pas de moi, mais de mon camarade Jean-Luc Buard.

Un peu d’Histoire

En cette année 2012, la Bradocon XX (bis) a été couplée avec la Red Deff Con I, en hommage à l’un des Maîtres du Fandom, Roland C. Wagner, disparu dramatiquement. Celui-ci, en compagnie de ses complices, avait créé et animé, pendant de nombreuses années, les Microcons, qui étaient, comme leur nom l’indique, des micro-conventions de SF, c’est-à-dire des réunions où un nombre plus ou moins important de fans de science-fiction (rarement moins d’une dizaine) se rassemblaient dans des espaces les plus variés, généralement étroits. La richesse de contenu de ces réunions est difficile à retracer. Un de leurs aspects les plus authentiquement « wagnérien » est leur côté iconoclaste et parodique, un aspect sciemment mis en avant par Roland et sa bande de copains. Il s’agissait de détourner ou de démarquer les Conventions de science-fiction « sérieuses » qui avaient lieu par ailleurs (elles-même déjà des lieux décalés, mais pas assez à ses yeux, et parfois fréquentées par des cranks…), de les moquer et de les tourner en dérision. Ce n’était pas leur seul intérêt ni le principal, celui-ci résidant surtout dans le côté convivial et détonnant de ce type de réunions où l’esprit de dérision rivalisait avec l’animation des uns et des autres, qui variait en fonction du nombre de bières ingurgitées ou de vannes proférées dans des concours interminables.

La première Microcon a eu lieu chez Roland « Convention » Wagner, le 9 octobre 1982, dans sa chambre de l’appartement familial de Clamart. Plus tard, il transporta les lieux de réunion, en fonction de ses déménagements, de Garches à Suresnes, ou dans divers autres endroits improvisés. Une légende à confirmer dit qu’une véritable Microcon devait réunir, au minimum, Roland C. Wagner et André F. Ruaud dans le même espace-temps. Il y eut des Microcons partout en France, comme d’abord à Longpont-sur-Orge, chez Michel Pagel, puis à Lyon (chez André-François Ruaud), Elancourt (chez Xavier Legrand-Ferronnière), et même à Toulouse (chez Cathy Martin) en 1987.

Lorsque les Microcons eurent lieu dans le Nord, à Roubaix (chez Philippe Caille), puis à Villeneuve d’Ascq (chez Christine Luce et Fabrice Debaque), en la présence puis en l’absence de Roland C. Wagner,  il fut décidé que dans ces derniers cas, la réunion ne pouvait pas faire partie de la série numérotée des authentiques Microcons (numérotation qui prêta d’ailleurs rapidement à d’âpres controverses…), mais qu’une nouvelle entité devait être créée. Cet événement eut lieu lors d’une des séculaires Braderies de Lille, le premier samedi du mois de septembre, qui réunissait des groupes de fans à la fin des années 80 et au début des années 90. C’est ainsi que furent créées les Bradocons (par Christine et Fabrice qui voyaient débarquer chez eux à date fixe, tous les ans, une foule de fans bradeux), à une date difficile à déterminer en l’absence d’archives dûment conservées, mais au début des années 90. Les Bradocons perpétuaient l’esprit des Microcons mais en l’absence, déjà, de Roland C. Wagner. Elles forment une suite ininterrompue depuis vingt ans de réunions conviviales animées par Christine et Fabrice, d’abord à Villeneuve d’Ascq (ou à Roubaix, alternativement) puis à Baizieux (chez Philippe Caille) et enfin, depuis 2000, à Flers-en-Escrébieux, dans des locaux désormais plus spacieux.

Traditionnellement, la Bradocon s’articule sur une exploration méthodique et néanmoins ludique de la grande Braderie de Lille, envisagée dans ses aspects les plus ou les moins science-fictionnels. L’espace démesuré représenté par cette Braderie, la plus grande de France et même d’Europe et peut-être du Monde, est propice aux découvertes extraordinaires, aux rencontres inattendues entre fans (comme le regretté Claude Herbulot qui aimait s’y balader, ou le sympathique Michel Decuyper, fan de Burroughs, qui y tenait un stand chaque année), aux coïncidences bizarres, aux trouvailles mirobolantes de documents les plus improbables et les plus pittoresques. C’est un espace où l’impossible voisine avec le banal, dans un mélange stupéfiant, qui s’offre à qui sait voir et prendre le temps de flâner et de regarder avec son troisième œil grand ouvert. C’est un espace ludique, fantastique et déroutant à la fois, que le fan de SF se doit de connaître et de parcourir. Objets, images, livres, magazines, disques, fringues, fatras, tout s’entasse et s’entrechoque dans cet immense déballage – ce bordel gigantesque aurait dit Roland…

Celui-ci était, naturellement, un adepte inconditionnel des puces, des foires à tout, des brocantes et des braderies, où il pouvait trouver, chiner, glaner, disques ou bouquins pour compléter ses collections – à moindre frais.

C’est pourquoi il fut décidé qu’à l’édition de 2012, à la suite de la disparition tragique du fondateur des Microcons, serait associée une réunion, dénommée en son hommage Red Deff Con. Nous espérons ainsi, modestement, perpétuer le souvenir de ce fan authentique et de ce véritable inconditionnel de la science-fiction qu’était Roland « Convention » Wagner, dont la vie a consisté, envers et contre tout, à vivre sa passion inextinguible pour la musique et la science-fiction.

#2289

Braderie, suite : quelques trouvailles. Le Pierre Probst (Fanfan et la péniche) m’a particulièrement amusé, car je viens d’écrire un article sur un canal de Londres et d’effectuer quelques recherches sur le thème de la littérature enfantine & les péniches…