#2708

Suis en pays inconnu : ayant pris un car à Agen, je m’enfonce dans ce cœur de Gascogne que je ne connais pas, à bord d’un véhicule cahotant de petite ville en petite ville aux noms inconnus de moi, en compagnie de quelques Anglais — direction Auch. Tuiles romaines. De jolies routes dans une campagne vallonnée dont l’automne commence à peine à faner la verdeur sous le ciel voilé. Un héron blanc marche au sein d’un troupeau de vaches pâles. Des mares brillent çà et là dans des replis de terrain, entre les labours sombres.

#2707

L’un des attraits des voyages ferroviaires se trouve dans le mystère des chemins. Toutes ces sentes que l’on voit courir depuis le point de vue de la voie, dont on ne sait pas et ne saura jamais vers quel horizon elles s’ouvrent, vers quelle destination elles filent. Large allée crayeuse dans une forêt de pins, chemin sinueux de terre ocre entre les genêts, sentier sableux au sein des vignes, miroir rectiligne d’un canal, coude d’une rivière ombragée de saules, traces parallèles franchissant un pré, petite départementale sous les fuseaux drus des cyprès, escalier montant au bord d’un talus, route grise contournant une colline sous le regard d’un cheval blanc…

#2705

Je lis ces jours-ci un polar qui date de 1968 (par Lilian Jackson Braun), se déroulant dans les milieux de l’antiquité-brocante. Et il est amusant de voir qu’est-ce qui pouvait plaire alors comme antiquailles, et d’avoir le recul constant de devoir se dire que l’on est à l’orée des seventies, donc que leur mobilier neuf est de nos jours devenu objet « vintage » — j’ai aimé par exemple la mention de la porte en bois d’un réfrigérateur. Quant à la tenue de paon de la belle héroïne ou les compliments qu’attire la moustache du héros, eh bien, seventies again.