#2774

En bande dessinée également, je suis beaucoup dans la relecture. Effet de l’âge bien sûr, et d’une mémoire friable, qui font que j’éprouve le désir de redécouvrir pour me refaire une opinion, remettre à jour mes sentiments sur ces œuvres. Effet aussi des « intégrales » de patrimoine. Ces derniers temps, j’ai pas mal picoré dans ce qui n’est pas mon domaine favori : inconditionnel de la bédé « gros nez », j’ai pourtant souhaité me replonger dans le versant graphiquement plus réaliste ; Bob Morane, Jean Valhardi, Guy Lefranc, Ric Hochet… Et dans ces trois derniers cas, surtout, ces relectures ont rejoint mon goût pour le polar vintage, le « vieillot » dans son jus. Les premiers Lefranc sont délicieusement rétro, ce qui leur confère je trouve un surcroît d’intérêt, une forme de patine. Les premiers Ric Hochet ont une fraîcheur qui passe bien (les premiers, hein ?!), et les Valhardi des années 50 sont entraînant, en dépit du style de Jijé dont l’instabilité graphique me gêne un peu, je préfère les Paape (sacrilège ?). Tout cela est « poussiéreux », oui, comme une certaine littérature populaire, et s’apprécie de même, dans son contexte.

#2773

Je ne fais plus de photo de mes piles de « lectures récentes », par flemme et parce que je lis… hum, j’allais écrire « trop », non, disons « beaucoup »… et dans tous les sens… j’en oublie… Francis Carco, Colette, Flaubert, André Salmon, Armand Robin, Eugène Dabit, Louis Emié, Jean Giono, deux recueils d’articles de Perec, et une bio de Maupassant par Paul Morand, par exemple, pour la blanche, et beaucoup de relectures, Michael Coney, Brian Aldiss, Pierre Pelot, Michel Jeury, Kim Stanley Robinson, Ross Macdonald, Mike Carey, Julius A. Lion… et pour le boulot, bien sûr, Léon Groc, Maurice Limat et Renée Dunan…

#2772

Rentrant de l’anniversaire d’un copain par les rues calmes du quartier Saint Augustin / Parc de Lescure, que je connais assez peu ; ce doit à peine être ma troisième ou quatrième balade dans ces parages, d’une ample beauté. Marcher sur de larges trottoirs couverts de fleurs roses, sous les blanches façades Art déco, dans une nuit douce, bleue et rousse.

#2771

Depuis le week-end dernier, un couple d’amis lyonnais était de passage en notre rivage aquitain. Et comme l’on a les copains que l’on vaut, il s’agit d’invétérés amateurs de brocantes et de vide-greniers, quel hasard ! Nous fîmes donc des tours au déballage dominical de Saint-Michel et au marché finissant des antiquaires des Quinconces, croisant au passage quelques augustes hommes de lettres (PM, FSM et PJT, pour ne pas les nommer). Puis comme si cela ne suffisait pas, nous profitâmes de l’annonce de deux vide-greniers pour aller visiter un peu la voisine Libourne, bourgade fort jolie quoique très génériquement « petite ville française » dans ses moindre détails. Et ainsi, inlassable entasseur qui prend les livres pour des injections thérapeutiques du meilleur des calmants, j’ai donc rapporté par exemple quelques numéros du mensuel Hercule des années 80 (avec des « As » de Greg dedans), des Flaubert dans la si belle édition du centenaire pleine d’illustrations (il y a même quelques Vallotton !), un petit Giono de propos grognons et si sublimement écrits (Triomphe de la vie) et, comme si cela ne suffisait pas, une pesante encyclopédie Larousse de 1953 sur La Mer, emplie de très belles photos et de pas mal d’aquarelles, avec même une jolie section sur les légendes maritimes — dont j’ai illico tiré une notice supplémentaire et trois nouvelles images pour l’édition intégrale du Dico féerique dont je m’étais pourtant juré qu’elle était désormais bien bouclée (ça part bientôt chez l’imprimeur) —, mais bon, à 2 euros, comment abandonner un si bel ouvrage je vous le demande un peu ?

#2770

Insomnie. Aux vagues anxiétés brassées par la chimie interne répond l’obscur immobile du petit matin. Le soleil ne se lèvera que dans une heure. Par moments de brèves averses heurtent le carreau, tandis qu’au dehors les oiseaux interrogent un ciel confus, qui n’étale encore qu’une pâte lavée de toute couleur. J’imagine le merle en vigie sur l’antenne de la maison voisine, le bourdon d’un scooter file au loin et près de moi lève et retombe l’haleine tranquille d’une des chattes.