Promenade solitaire d’un samedi matin, par des rues blondes où l’oreille se tend afin de saisir ne serait-ce qu’un pas lointain, un grincement de volet, un ricanement de pie ou un chant de passereau. Deux parcs presque déserts, le jaune acide des jonquilles, les ruines d’un castel et les boulevards qui filent, grondant.
Archives mensuelles : février 2022
5008
Les ombres sont floues et des chats sombres glissent en silence sous l’ouate crevassée de bleu. Je m’interrogeais sur cette senteur de fumée, pas celle de ma cuisine, puis ouvrant la porte à la petite chatte, je compris : la ville entière, le quartier en tout cas, embaume la fumée nocturne. De l’autre côté de la résidence éclairée comme dans un Magritte, monte encore l’hourvari trouble du boulevard. Ma vieille chatte tourne et miaule, les yeux larges et lumineux, des fenêtres aveugles qui me fendent le cœur. Le dehors gris ne la tente plus, elle y heurterait ses vibrisses et son museau frémissant. Harassé et fébrile, je reste un moment immobile, à humer le soir dans un velours fragile.
#5007
#5006
Merveille du manque de mémoire : entre deux grandes rasades nocturnes du prochain Jaworski — je crois bien que le sommeil me fuit sur mes vieux jours —, je lis une petite série de polars situés à Oxford… ou bien les relis-je ? J’ai le vague souvenir d’avoir déjà binge-read cette série il y a longtemps, une vingtaine d’années disons, mais je n’en ai pas conservé de trace mentale, aussi agréables soient-ils pourtant. Et les ronds de cuir de Courteline, sûrement les connaissais-je déjà, lus du temps de mes travaux avec Mauméjean sur Sherlock Holmes ? Nul souvenir non plus et pourtant, je savoure tant le style que l’humour, venant d’en acquérir une jolie édition illustrée en grand format. J’entasse, je lis, je relis, c’est tout un ma foi.
#5007
Lente promenade du samedi matin, sous un ciel d’abord noir puis bleu – la pluie sous le soleil, spécialité locale. Admirer les mimosas en fleurs, les étoiles blanches déjà accrochées aux pruneliers, la chaussée vernie par l’azur, les grenouilles d’un étang, un château cerné de chants d’oiseaux, les canards bruyants et les oies familières d’un lac. Rive droite déserte, silence serein des coulées vertes.