#2407

Il m’avait semblé ce matin, dans un demi-sommeil, avoir entendu un chant de coq. Ma foi, oui : quelqu’un dans le quartier a de nouveau des poules, je viens de les entendre haut et fort. C’est bien, ça manquait un peu. Avec les cloches d’église à l’instant, mon paysage sonore prend une amusante tournure rurale.

#2406

Mon sommeil en ce moment est difficile. Tumultueux. Et je me souviens d’avoir fait la nuit dernière un rêve assez étonnant, en tout cas inédit pour moi : j’étais une jeune femme, enceinte. Je ne sais plus quelle aventure je vivais, en compagnie d’un garçon aux cheveux roux, mais à un moment j’ai senti le bébé me donner un coup de pied – et je me suis réveillé avec un sévère hoquet.

#2405

Entre deux essais… Fini de lire hier soir le dernier Lisa Tuttle, dont le titre révèle curieusement l’intrigue même : The Somnambulist and the Psychic Thief. Ce fut amusant et original – et tout même bien surnaturel, durant les 240 premières pages j’avais des doutes. A l’instar du dernier Kim Newman, voici un jeu fort agréable, que dis-je, assez jubilatoire, sur les ambiances et thématiques de la période victorienne, érigée en « moment » privilégié des imaginaires. Les littératures de l’imaginaire se forgent ainsi, bien au-delà du seul steampunk, tout un corpus référentiel et difficile à classer, d’une grande inventivité, d’une originalité vivace et ludique — j’adore ça, je vais d’ailleurs publier deux romans (français cette fois) de cette eau-là, un en octobre, l’autre en février, et je trouve que cela renouvelle de belle et littéraire manière les domaines SF et fantasy.

Laissé tomber Messieurs les ronds de cuir de Georges Courteline, sans le finir : je n’étais pas d’humeur. Trop de bassesse, de médiocrité, ce portrait est sans pitié, d’une férocité humoristique à la Guitry mais sans la lumière.

#2404

Le soleil déclinant transforme le ciel en un vaste bol de cuivre. Quelques pas dans les rues calmes, pour le plaisir de marcher. De l’autre côté des voies passe une motocyclette, pétant, claquant, bullant. Son conducteur s’arrête au carrefour, traverse en poussant à pied son vieil engin. À ma surprise, il remonte dessus pour descendre vers la gare tout pétant, claquant, bullant, comme dans un film de Tati. Le train qui passe soulève un grand bruit de tempête, un souffle d’océan métallique et sec. De par les rues court le vent, le vrai, qui susurre dans les branches. Un tintement dans le lointain, quelqu’un qui laisserait tomber une petite cuillère sur les pavés. Au carrefour suivant, « Bouge, bouge, mais vite ! » aboie une mégère à son cabot.

#2403

Le silence de l’été. La plupart des oiseaux font la mue de leur plumage et se cachent, sans un bruit. Ne restent que quelques rares pépiements de moineaux et les roucoulements des tourterelles, qu’accompagnent leurs claquements d’ailes. Des bourdonnements d’insecte, aussi, parfois. Et le babil indistinct d’un téléviseur, loin, bas, dont se reconnaissent à peine l’idiotie d’un soap dominical ou d’un commentaire sportif.