#2583

Il n’arrive pas excessivement souvent que je doive rechercher un mot dans le dictionnaire — mais j’aime ça, cette forme singulière de gourmandise qu’est le vocabulaire. Tel, en français, ce « bréhaigne » d’une citation de Julien Gracq faite ce matin par l’ami Jaworksi (ça signifie « stérile ») ou bien encore à l’instant, en anglais, cette « apricity » chez Christopher Fowler (“the warmth of the sun in winter”, n’est-il pas merveilleux de posséder un mot pour cela ?).

#2582

Rêvalakon.
Étant l’un des deux assistants d’un agent secret, Mr. Kilminster, je m’inscris pour un voyage vers la nouvelle colonie sur Mars, où l’on sait que la famille royale (britannique) a été discrètement exfiltrée. C’est l’un des premiers vols commerciaux, nous nous trouvons en bonne compagnie, il y a en particulier l’acteur Sylvester McCoy.

#2581

Un mien ami m’a offert un recueil des souvenirs de voyage à Bordeaux de Johanna et Arthur Schopenhauer. Le philosophe n’avait alors que 16 ans, c’était en 1804, le château Trompette élevait encore ses vieux créneaux noircis, chaloupes et navires encombraient le port de la Lune, pour le Mardi-gras deux carnavals se déroulaient… Lecture délicieuse, mais je préfère la prose délicate et gentiment lyrique de la mère, Johanna, à celle sèche et grognon du fils, à la fois immature et déjà rigoriste.

#2580

Au sein des vicissitudes, des fatigues et des inquiétudes de cette vie, il y a quelques lumières agréables. Genre, la (toute neuve) revue Le Nouvelliste vient de m’accepter une mienne nouvelle que j’avais terminée il y a quelques mois. Genre, une nouvelle collection vient de m’accepter un (plus ou moins) recueil de nouvelles. Et du coup, j’ai envie d’embrayer sur un roman dans le même cycle, dont le synopsis dort depuis des années. Plus physique, nous venons de déménager les stocks de la cave (pour installation dans le nouveau local), j’en ai profité pour caser les cartons de vieux polars en bas, ranger mieux mes Super Picsou Géant (eh si) et mes Mickey Parade et Topolino (oh oui). Je sais, je sais, on a les plaisirs que l’on peut.

#2579

Un grand monsieur vient de s’en aller, au bel âge de 92 ans. Brian W. Aldiss. Les quelques fois où j’avais eu l’occasion de correspondre avec lui, il avait été adorable. Notamment pour la trad d’une interview de CS Lewis qu’il avait faite étant étudiant, que j’avais publiée dans Fiction. Et puis lors de quelques questions à propos de son formidable essai Trillion Years Spree, à l’époque où je bossais sur l’histoire de la SF pour les éditions Mnémos. Enfin, j’avais eu l’honneur de réviser la traduction de l’un de ses chef-d’œuvre, Croisière sans escale — la révision était nécessaire car l’auteur avait complètement réécrit son roman. J’en avais profité pour glisser une postface (chez Folio-SF). Il y a quelques mois, je m’étais bien marré en lisant un recueil de souvenirs de ses débuts, Bury my Heart in WH Smith. Respect et hommage à une grande plume.