#5081

Sans doute est-ce idiot mais je me suis levé triste. Pourtant hier j’avais eu sinon une joie du moins un grand soulagement, et j’ai discuté un peu au téléphone avec mon parrain ce matin, et je vais aller une fois de plus passer le week-end à Champignac, et mon roman est presque à 600 000 signes (sur 700 je suppose), et il va pleuvoir toute la semaine prochaine, et j’ai lu des Jacques Réda que je n’avais pas lus dont un tout nouveau – donc il écrit encore… Mais la lassitude des mauvaises nuits trop chaudes… Et l’odeur du brûlé dans l’air bordelais… Et la mort d’un géant que je croyais presque immortel, monsieur Sempé… Vous ai-je déjà dit combien je n’aime pas le mois d’août ?

#5079

Entre chaleurs, incertitudes et des fragments de mon roman qui me flottaient en tête, comment aurais-je bien retrouvé le sommeil ? Par la fenêtre basculée pénétrait cette substance d’ombre un peu rouge que sécrète la ville endormie, si différente de l’obscurité aphotique de certaines nuits à la campagne. Et pas un zeste d’air, pas même ces froissements infimes, ces tintements fantomatiques qui feraient écouter la rumeur nocturne afin de glisser dans l’endormissement. Bientôt les 600 000 signes me disais-je, encore telle et telle scène à écrire, ruminais-je, et de rallumer le téléphone pour noter une fumée, un or acéré, un phare fondu, un comparse, une statuaire plâtreuse de salle de bingo.

#5078

Si peu de choses. Un minuscule papillon qui passe en frémissant, les tomates qui rougissent, les figues qui mûrissent. Le plus ennuyeux, ne pouvoir sortir le soir pour cause d’excessive chaleur. Je n’aime pas l’été et surtout pas août, le mois des absences et des silences. C’est pourquoi depuis quelques années j’occupe mes étés à des travaux d’écriture, et ça ne m’a pas si mal réussi. Je vois même qu’il se pourrait que j’achève le présent roman, enfin, son premier jet, d’ici peu de semaines. Et l’été prochain alors ?